Comment le FC Nantes a endigué la violence

Comment Nantes réussit à empêcher la violence

Par tonyo44, mardi 6 mars 2007 à 11:29 dans Général / Toulouse
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Dans son édition du 6 mars 2007 ,Pierre-Yves ANSQUER, journliste à Ouest France a rencontré Luc Delatour conernant les incidents dans le foot.... Àprès les incidents de Saint-Etienne, Sedan et Paris, témoignage de Luc Delatour, directeur des compétitions du FC Nantes, où les problèmes de sécurité sont abordés par le dialogue. En dépit de résultats sportifs difficiles, le FC Nantes s'en sort plutôt bien sur le volet sécuritaire. À l'exception de l'agression d'une stadière sochalienne(1), en 2005, aucun incident grave n'a été déploré. Le résultat d'un travail remarquable mené par Luc Delatour, le directeur des compétitions du FC Nantes, et ses équipes. S'il se « garde bien de vouloir donner des leçons à qui que soit sur un thème aussi complexe », il nous dévoile une partie de ses méthodes.

Luc Delatour, que vous inspirent les événements survenus à Saint-Etienne, Sedan et au centre d'entraînement du PSG ?

Sous des dehors différents, ils donnent une image épouvantable du football. A Sedan, c'est 30 hooligans ou skinheads, dans un stade, à ma connaissance, pas vraiment bien « secteurisé » et où il y a très peu de forces de l'ordre. Donc, tout le monde n'était pas forcément prêt à gérer ce genre de problème. D'autant que ces 30 loustics étaient connus pour avoir chauffé la ville dans l'après-midi, et sont entrés dans le stade, puis ont traversé deux ou trois tribunes pour arriver devant la zone visiteurs, provoquer les Parisiens.

Pour le match de la réserve du PSG, en revanche, c'était sans doute plus difficile à prévenir...

C'est terrible. Cela signifie que même des matches amateur ne sont plus épargnés par des actions préméditées. En l'occurrence, il s'agissait, si j'ai bien suivi, d'un règlement de compte avec d'anciens Tigris supportant aujourd'hui le Red Star. Vous imaginez-vous ce que les dirigeants doivent avoir à l'esprit pour anticiper ce genre de poussées de violence ?

Les incidents de derby Saint-Etienne-Lyon sont, finalement, plus « classiques » ?

La question que tout le monde se pose, c'est comment ces fumigènes sont entrés. Mais un fumigène, aujourd'hui, c'est un gros cigare, très facile à dissimuler. Personne ne peut garantir zéro fumigène dans le stade.

Au bout du compte, la seule réponse est répressive. C'est l'interdiction de stade après le premier faux pas ?

Absolument. Mais ce n'est pas simple, non plus, quand on sait qu'à Saint-Etienne certains étaient cagoulés. Donc, avant de retrouver les types, grâce à la vidéosurveillance, il y a un peu de boulot. Mais là, on est dans le fumigène sauvage. Or, il y a une autre pratique. Les Ultras de Nantes avec lesquels je suis en rapport, ont une approche plus festive, mais aussi organisée, des engins pyrotechniques, à l'entrée des joueurs sur la pelouse.

Et vous traitez ce problème par une espèce de « deal » ?

Le deal c'est : pas de fumigènes à la Beaujoire, mais une fois de temps en temps, on autorise un « tifo » pyrotechnique à l'entrée des joueurs. Avec quasiment pour un supporteur, un fumigène, un stadier. Une fois que le fumigène est consommé, le supporteur le donne au stadier qui va les jeter.

En sachant que le club écope d'une amende de la LFP...

On assume l'amende. À tel point qu'on écrit à la Ligue avant. On fait une réunion avant le match avec les délégués, les dirigeants du club, les supporteurs, les stadiers. On procède comme ça depuis quatre ans. Ceci étant, en cautionnant ce spectacle, je suis hors-la-loi.

Concernant les banderoles, comment procédez-vous ?

À la Beaujoire, le message est simple : aucune banderole ne peut passer, ne peut être déployée sans que le club en soit averti ! Ça, c'est le discours que nous tenons auprès des clubs de supporters structurés. C'est moins facile sur une initiative personnelle, mais c'est aux stadiers de faire leur boulot en surveillant et en intervenant si besoin. On dit à nos supporteurs : vous pouvez passer les messages que vous voulez, y compris ceux qui sont caustiques envers le club, en revanche, jamais vous ne pourrez passer à la Beaujoire, un message raciste, grossier ou incitatif à la haine.

Donc, la banderole « Tuez-les », aperçue à Geoffroy-Guichard, n'aurait pas pu apparaître à la Beaujoire ?

Effectivement. Mais je peux le dire car on a réussi à instaurer le dialogue avec les supporteurs nantais. Et en face, il y a aussi des gens qui comprennent. Donc l'exercice n'est pas facile, notamment dans une saison tendue, lourde, comme celle que nous connaissons actuellement.

Travaillez-vous, justement, à prévenir d'éventuels débordements, si le club devait descendre en L2, avec toutes les amertumes que cela suppose ?

Bien sûr. En sachant qu'on a un stade sans grillages. C'est une vraie fierté, mais aussi un risque....

Vous aviez été confronté au problème en 2005 à Sochaux...

Oui, dans un stade grillagé. Comme quoi, le grillage n'est pas le seul outil. Mais à Sochaux, je pense qu'il y avait avant tout un manque d'effectifs, de force de l'ordre, de stadiers gros bras. Les gars sentaient qu'ils pouvaient déborder.

Les dirigeants, qui s'allument parfois par presse interposée avant les matches, ont-ils une part de responsabilité aussi ?

On ne peut pas demander aux supporteurs d'accepter le règlement et les deals qu'on leur propose si, en même temps, leurs propres dirigeants attisent. Cela ne justifie pas les banderoles qu'on a pu voir ce week-end, mais cela contribue à créer un climat épouvantable.

http://titi44000.football.fr/2007/03/06/198-comment-nantes-reussit-a-empecher-la-violence

J'ai rien dit