« Ne pas se prendre pour une star ! »

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Football : Johansen : « Ne pas se prendre pour une star ! »

Pascal Johansen a goûté à la coupe d'Europe avec l'OM, mais aussi à la rétrogradation en L2 avec Strasbourg qu'il tente aujourd'hui de faire remonter. Récit.

Pascal, vous avez connu la Ligue des Champions avec Marseille, la coupe de l'UEFA avec Strasbourg, comment vit-on ce retour dans l'ombre ?

J'ai envie de dire qu'au jour le jour, la différence n'est pas énorme. En revanche, sur le plan médiatique, il n'y a plus la même émulation, ni la même exposition. Dans les médias nationaux, c'est dix lignes ! Canal +, tu peux oublier également. Il te manque ces gros matches face à l'OM ou le PSG. Le plus important demeure le soutien du public. Quand tu tombes, tu as besoin de te sentir épauler par toute une ville pour que cette saison en L2 soit unique et s'accompagne au bout d'un gros bonheur. Pour un club, il peut s'agir d'un mal pour un bien. Pour le joueur, d'une grosse frustration.

Ça rend humble la Ligue 2 ?

Je me souviens de notre première défaite à Amiens (0-2). J'étais blessé, j'avais suivi le match sur France Bleu Alsace car tu fais une croix sur la soirée télé. J'étais redescendu sur terre ! Tu te dis, pour revoir la L1, il va falloir cravacher, travailler dur et faire preuve d'humilité, ça ne viendra pas tout seul. Une claque salvatrice. C'est forcément une remise en question. Si tu te considères encore comme un joueur de Ligue 1 qui n'est pas à sa place, si tu te prends pour une star, tu vas droit dans le mur. Le gars d'en face, il va te voir venir et te marcher dessus. Tu dois plutôt te dire que si tu en es arrivé là, c'est que tu le mérites.

Les adversaires sont également pour la plupart des joueurs d'un autre univers ?

Franchement, je ne connaissais pas grand monde à part quelques amis joueurs ou entraîneurs. Quand tu côtoies l'élite, tu as moins tendance à regarder vers le bas. Tu feuillettes davantage les pages championnats étrangers ou coupe d'Europe. Bon, maintenant, par rapport à 2001, où nous avions déjà été rétrogradés, tu sens que ça bouge un peu plus. Ça n'empêche que tu ne croules pas sous les renseignements sur ton adversaire direct. Souvent, tu te fais la réflexion : lui, son visage me dit quelque chose, mais je ne connais pas son nom... Par contre, sur le plan du football, il y a une ou deux bonnes surprises par équipe.

Et puis, vous ne jouez plus le samedi soir !

Ça, c'est assez spécial surtout quand tu as goûté à la coupe d'Europe en milieu de semaine. Tu joues le vendredi puis parfois tu dois attendre onze jours pour fouler de nouveau une pelouse car tu vas être télévisé. Pour moi, le lundi s'est tout sauf un jour pour le foot !

Niveau logistique, Strasbourg a conservé le même standing ?

Nous n'avons jamais fréquenté les palaces ! Si on doit rester seulement une saison, on continuera à se déplacer en avion. Je crois que c'est agréable et important de se sentir comme un professionnel à part entière, d'avoir en sorte la vie d'un joueur de Ligue 1.

Maintenant, le stade Jean Laville, ce n'est pas le Parc des Princes ?

C'est vrai que le contexte te fait davantage penser à un match amical ou plutôt une rencontre de coupe de France avec un adversaire très motivé qui va disputer son rendez-vous de l'année. Ce n'est pas le top sportivement, il ne faut pas se le cacher. La première fois, tu tombes de haut, ça fait bizarre. Un stade moins beau, une ambiance plus calme, des joueurs inconnus dans le camp d'en face...

Et sur le plan du jeu ?

Ça va moins vite et les espaces sont plus réduits. Côté construction, c'est moins fourni. On peut parler d'un football plus figé. Et puis, il y a toutes ces petites équipes qui viennent chez toi seulement pour défendre, qui ont peur de prendre une claque et par conséquent ne se livrent pas du tout. Si tu es dans un mauvais jour ce soir-là, tu galères bien. En revanche, c'est plus physique, les contacts sont plus rugueux. Sur le plan de l'engagement, tu n'es pas déçu. Maintenant, quant tu te sens responsable de la descente de ton club, que tu as l'amour du maillot et que tu penses à ta carrière, tu passes outre toutes ces considérations car tu n'as pas envie d'y rester longtemps.

Propos recueillis par Christophe DELACROIX.• Pascal Johansen digest. Né le 28/04/1979. Milieu de terrain. Clubs successifs : Strasbourg (1999-2001 en L1 et 2001-02 en L2), Marseille (2002-04 en L1), Strasbourg (depuis 2004). 144 matches de L1, 50 matches de L2. Vainqueur de la coupe de France en 2001 et de la coupe de la Ligue en 2005 avec Strasbourg.

Ouest-France