Rennes - Nantes : le match des présidents

Rennes-Nantes : le match des présidents



Emmanuel Cueff (à gauche), président du Stade Rennais, et Rudi Roussillon président du FC Nantes, ont fait connaissance à l'initiative de dimanche Ouest-France, quelques heures avant le derby qui oppose ce soir à 18 heures les deux clubs.Thierry Creux



Avant le derby de foot Rennes-Nantes (ce soir, à 18 h) dimanche Ouest-France a réuni les deux présidents.
Mercredi 10 h 30, Rudi Roussillon pose le pied pour la première fois sur l'Ile aux Moines. Dix minutes plus tard, le président du FC Nantes est accueilli par Emmanuel Cueff, son homologue rennais, dans sa discrète résidence les pieds dans l'eau. La rencontre de ces deux hommes, qui ne se connaissaient pas, sera riche et décontractée, à l'image du déjeuner qui s'ensuivra. Dimanche, 18 h, à l'heure du derby, l'ambiance sera sans doute un peu plus tendue. Mais le fair-play sera de mise.

- Bras droit d'un grand patron d'industrie français, hommes de presse, rien ne vous prédestinait l'un et l'autre à la présidence d'un club de Ligue 1 ?

Emmanuel Cueff : « C'est le hasard de la vie. Banque (mon ancien métier) et football, c'est carton rouge ! Voilà trois ans, à la demande de François et de François-Henri Pinault, j'ai pris la présidence du Stade Rennais afin de rapprocher la gestion du club de son actionnaire, pour utiliser une formule élégante. Avec une expérience du monde professionnel large, on peut arriver dans ce milieu sans se sentir éloigné et largué. Avec le temps, on a gagné nos galons. Je me souviens d'une réflexion : « alors Cueff, pas encore pété les plombs ? » En tout cas, cela vous change une vie, tous vos week-ends sont pris. En plus je stresse énormément. »

Rudi Roussillon : « De ce côté là, je ne serai pas dépaysé. Les seuls jours (le week-end) où Serge Dassault ne voit pas ses collaborateurs, il leur téléphone entre trois et huit fois... Face à Lens, c'est un coup de téléphone à la mi-temps, un autre à la fin du match. L'impatience est mal vécue chez lui. Il avait une vision éloignée du football, seulement il s'agit d'un homme curieux de tout, interpellé par la situation du FC Nantes. Lorsqu'il assiste à un match, il pose les bonnes questions. C'est à sa demande que j'ai pris la présidence. Les phrases ont été brèves : confiance totale, responsabilité à 100 %. Il faut assumer, là comme ailleurs. Maintenant, je n'ai plus de vie personnelle. C'est totalement absorbant. »

- Vous habitez tous deux à Paris. Comment dirige t-on un club depuis la capitale ?

E.C : « Je suis président depuis déjà trois ans. J'en ai bouffé de la vache enragée ! Je ne dis pas que je ne souffre plus aujourd'hui, mais j'ai trouvé mon rythme de croisière, un régime d'équilibre, avec un directeur général de qualité - Pierre Dréossi - qui est l'incarnation de l'entreprise au jour le jour. Nous avons une fluidité de fonctionnement. Ce n'est pas un secret, tous les quinze jours, le lundi soir, je dîne avec Pierre et Laszlo (Bölöni, l'entraîneur). Tous les trois, on fonctionne de manière fusionnelle ! Je consacre le lendemain à l'ensemble des services. Je connais les 145 salariés du club (contre 193 au FCNA). »

R.R : « Je suis obligé d'être davantage présent, trois allers-retours par semaine, du moins jusqu'au mois de septembre. Pour l'instant, je me trouve au milieu du gué ! La réorganisation du club est en chemin, rien de révolutionnaire. J'ai amorcé des choses depuis mon arrivée, le 28 juin, mais l'organigramme n'est pas totalement établi. Dans ce domaine, vous pouvez être pour moi un modèle. Si je parvenais à faire aussi bien dans la mise en place des structures, je serais très satisfait. »

E.C : « Comme c'est dans mon tempérament, j'en suis arrivé à vouloir m'occuper de la gestion du foot dans son ensemble. C'est mon côté militant ! Je suis entré au Conseil d'administration de la Ligue et au sein de la commission marketing. Je suis très préoccupé par la sortie du contrat avec Canal +, dans trois ans. De même, je suis inquiet quand je vois débarquer des agents anglais dans un centre de formation. Je trouve cela scandaleux. C'est du pillage ! Il y a également beaucoup à faire pour que le grand bénéficiaire du foot ne soit plus le fisc. »

R.R : « Je n'ai pas le recul pour tenir cette réflexion. En revanche, je ne compte pas m'impliquer un jour dans les instances du football. Il me faudrait lâcher l'une de mes activités, et ce n'est pas dans mes intentions. »

- Pour terminer, un mot sur ce derby ?

E.C : Je n'ai jamais souhaité que Nantes quitte la Ligue 1. Comment pourrions nous réaliser le vieux rêve des supporters rennais, qui est de gagner à La Beaujoire ? Ce dimanche, je veux que l'on parvienne à démontrer qu'un derby Rennes-Nantes vaut mieux qu'un PSG-Marseille... Nantes a pour lui le poids d'une histoire, un palmarès, de merveilleuses infrastructures. Même s'il est plus petit, je préfère mon stade. Désolé ! Et puis je suis très fier d'être passé devant Nantes au classement des centres de formation.

R.R : La Jonelière, notre centre de formation, reste effectivement un modèle. Quant au derby, il demeure un moment important et sympathique. Il faut souhaiter qu'il s'agisse d'une fête régionale. Avec le foot, je suis redevenu superstitieux. Des anciens tics de joueur. Comme face à Lens, je vais donc faire le tour du terrain, avant la rencontre... Après, je signe pour un match nul.

http://www.ouest-france.fr/ofinfosgene.asp?idDOC=240582&idCLA=3636
Entretien réalisé par Nicolas CARNEC, Christophe DELACROIX et Pierre-Yves ANSQUER.

Y en a un des deux qui va se faire engueuler par son Patron [lol]