Denoueix: « Je n'avais pas assez d'éléments »

mardi 13 juin 2006
Football : Raynald Denoueix: « Je n'avais pas assez d'éléments »
Depuis deux ans, Raynald Denoueix ne fréquente plus les terrains en qualité de coach, comme ici à San Sebastian avec la Real Sociedad son dernier club (2002-04). Son retour sur un banc de touche ne se fera en tout cas pas à Rennes.
L'ex-entraîneur de Nantes et de la Real Sociedad n'est pas parvenu à s'entendre avec le Stade Rennais pour succéder à Bölöni. Il s'en explique.

Raynald, Rennes vous a proposé de prendre la succession de Bölöni. Comment s'est noué le contact ?

Le samedi 27 mai, j'ai reçu un appel de Pierre Dréossi. Il me proposait un rendez-vous avec Emmanuel Cueff et lui-même, le lundi 29. Je m'y suis rendu. Le président m'a présenté le fonctionnement du club, la répartition des tâches, des rôles, et ce qu'ils attendaient. Sans évoquer d'objectif précis, mais avec une volonté logique de s'inscrire dans la continuité. Ils m'ont ensuite dressé un inventaire des joueurs en partance. Cela faisait quand même un paquet de ceux qui faisaient lepouvoir offensif de Rennes puisqu'ils ont évoqué Frei, Gourcuff et Källström et peut être un ou deux autres. Ils m'ont aussi précisé qu'Utaka allait être opéré du genou. Nous avons aussi et très précisement passé au crible l'effectif actuel. C'était donc une présentation très claire et réaliste.

Et vous êtes-vous exprimé ?

Nous avons beaucoup échangé. J'ai demandé des éclaircissement sur la façon dont ils comptaient compenser les départs. Ils m'ont répondu que, de la façon dont ils fonctionnaient, ils ne pouvaient évoquer des pistes, ou des noms. En me rappelant tout de même que, dans le passé,ils avaient bien travaillé dans le domaine du recrutement,et qu'ils ne voulaient pas se faire « doubler ».

Ils vous ont ensuite laissé un délai de réflexion...

Oui, une nuit! Le président m'a expliqué qu'ils étaient pressés, ce qui se conçoit puisque, trois ou quatre jours avant, Bölöni était encore Rennais. Dans la soirée, j'ai donc essayé de me projeter. J'avais des départs, des arrivées inconnues. Clairement, je n'avais pas assez d'éléments pour imaginer la façon dont j'allais pouvoir m'organiser, travailler, sentir l'animation, car tout cela dépend bien sûr de l'effectif.

Parce qu'ils ne vous proposaient pas d'être associé à la politique de recrutement ?

C'est là que c'était un peu ambigü. J'aurais eu mon mot à dire selon eux. Ils avaient déjà et fort logiquement bien avancé sur le recrutement. Ils ne souhaitaient néanmoins pas en parler. Alors, c'est vrai que la façon, très honnête d'ailleurs, qu'ils avaient eu de souligner le négatif, sans me donner de perspectives positives concrètes, n'amenait à une conclusion : le peu que je savais était insuffisant, car c'est sur le terrain que ça se joue !

De l'extérieur, beaucoup pensaient pourtant que le projet rennais était taillé pour vous...

Mais de l'extérieur, on m'a mis à Rennes avant que je n'y sois. On m'a fait déjeuner avec M. Pinault à Paris, alors que j'étais dans les bouchons de l'Ile de Ré au retour du mariage de Nicolas Savinaud. Des proches de Denoueix auraient même dit que la réunion s'était bien passée. Mais il n'y a jamais eu de réunion à Paris ! Et le lundi 29 mai je suis allé écouter et non signer officiellement, comme cela a été annoncé !

Finalement, vous avez donc décliné l'offre. Avant de renouer le contact...

Je n'ai jamais pris, personnellement, l'initiative de prendre letéléphone. Mais des personnes de notre entourage ont insisté, et nous ont finalement convaincu de renouer le contact. Pas pour dire : finalement, je viens. En aucun cas, le fait de se revoir ne m'engageait. Il s'agissait d'essayer d'en savoir un peu plus. La deuxième entrevue, uniquement avec le président, a été dans le prolongement de la première. Il m'a dit que son recrutement était top secret. Ce que je peux comprendre, dans la mesure où je n'étais pas l'entraîneur du stade rennais. Même si je crois avoir été discret... Et puis, jeudi (8 juin),il m'a rappelé pour me dire qu'il avait adopté une autre solution.

Cette solution Pierre Dréossi vous surprend-elle ?

Non. D'autant que j'ai lu que c'est même la premièrequ'ils avaient envisagée. D'autre part, cela reste très cohérent avec les entretiens que nous avons eus.

Ne craignez-vous pas que cette histoire vous fasse une mauvaise publicité ?

Si on m'a envoyé signer avant même d'avoir rencontré les dirigeants du Stade rennais, c'est très gênant, mais pas de mon fait. Compte tenu de la difficulté de la tâche, je pense qu'un entraîneur a le droit de connaître les moyens dont il va disposer, les joueurs en constituant l'essentiel. Je n' exigeais pas un budget, ou des noms précis, simplement connaître ceux qui pouvaient venir. Quand on monte dans la F1 que l'on ne choisit pas...si l'on n'est pas sûr qu'elle vous fasse gagner, on peut s'assurer qu'à 300 km/h, en fin de ligne droite, il y a des freins qui fonctionnent !

Le fait que vous ayez prêté une oreille à la proposition toulousaine tord le cou à l'étiquette de sédentaire, rivé à La Chapelle-sur-Erdre, qu'on vous a collée...

Je me suis déjà retrouvé en Espagne quand même. J'avais bien senti les gens, les forces et les faiblesses de l'équipe.

Etes-vous toujours prêt à entraîner si un projet qui vous convient vous est proposé ?

Bien sûr. Dans ce métier, on ne peut rien prévoir. De la même manière que je ne pensais jamais entraîner à l'étranger, peut-être qu'un club auquel je ne pense même pas va me convaincre...

Recueilli par Pierre-Yves ANSQUER.