ITW Suaudeau dans FF

Le maître a parlé...



Par mr-suaudeau,
dimanche 5 novembre 2006 à 14:07 dans Divers / Opinion
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Au
dessus des polémiques sur l'arbitrage, au dessus des piteuses joutes
verbales entre présidents de L1, un homme ramène le débat là où il
aurait toujours dû rester, sur le terrain. Jean-Claude Suaudeau alias
"le maître" a parlé à France Football. Des paroles d' Evangile dont
chacun, d'accord ou pas, devrait s'abreuver. Ne serait-ce que pour se
rappeler la prédominance du domaine technique dans le football.
Par
définition, la valeur va de pair avec la rareté. Il est alors plus
facile de comprendre pourquoi, depuis cinq ans, Patrick Dessault,
journaliste à France Football, spécialiste au long cours de l’équipe de
France et du FC Nantes, n’était pas parvenu à faire sortir Jean-Claude
Suaudeau de sa réserve. Ce n’est certainement pas faute d’avoir essayé
lorsqu’on observe la qualité de la conversation. L’interview de Coco
parue dans le France Football du vendredi 27 octobre vaut en effet son
pesant d’érudition transpirée. Loin des sempiternelles phrases dites
« du footballeur », le plus grand technicien français encore en vie (et
comment !) assène ses vérités, sans animosité, « complètement détaché »
qu’il est depuis bientôt dix ans de la maison jaune, avec une
clairvoyance et une liberté de ton qui détonnent au sein du microcosme.


Petit rappel pour les non-initiés: Jean-Claude Suaudeau, ce sont
douze saisons complètes passées à la tête du FC Nantes, terminées neuf
fois dans les sept premiers. Avec, en prime, deux titres de champion de
France et trois deuxièmes places. Didier Deschamps, Marcel Desailly,
Claude Makelele, c’est lui. Le sommet du jeu de football que fut la
saison 1994-1995, c’est lui. Les jouissives tortures verbales infligées
au pauvre Pascal Praud les soirs de Ligue des Champions 1996-1997,
c’est encore lui.


Lancé d’entrée sur la saison actuelle du FC Nantes, Coco revient sur
l’unique victoire (avant celle de samedi dernier contre Monaco) des
Canaris, devant l’OM.

"Il ne faut pas se tromper dans l’appréciation de ce
match. Comment était l’OM ce jour-là ? Si tu zappes ça, tu te plantes.
Tu peux t’appuyer sur le résultat, sur quelques bonnes choses, mais tu
ne dois pas te leurrer."

Coupé dans son analyse par un appel téléphonique de ...Georges Eo
(!), Suaudeau enchaîne sur le discours à tenir dans ces circonstances,
révélant, malgré ses incessantes dénégations durant l’interview, une
attention certaine pour son club de toujours. Ce sentiment de révolte
contenue que dégage ses propos montre l’étendue de la flamme qui
l’anime encore. Et si demain on l’appelait pour donner un coup de main ?

"Ça dépendrait avec qui et comment. Et aussi le temps
qu’il faudrait y consacrer pour que ça colle avec mon emploi du temps.
Moi, le foot, c’était 24h sur 24, vous comprenez. Je ne fais pas une
heure par-ci, par-là. Je ne sais pas faire, et c’est pipeau. Soit je
m’immerge, soit je ne m’immerge pas. Et comme je n’ai pas envie de
m’immerger... Et puis, qu’est-ce que ça leur apporterait ?"

Et un soupçon de fausse modestie ! A l’heure où tous les techniciens
de la maison se succèdent à la tête du groupe professionnel, avec
toujours moins de résultats, le nom de Suaudeau apparaît inexorablement
comme la seule solution crédible. Mais, à mesure que le journaliste lui
fait toucher du doigt cette vérité, Coco rebrousse chemin aussitôt
qu’il semblait s’embarquer. Encore une fois, la flamme est bel et bien
présente ! Comme il l’avait admis en amont dans la conversation.

"Je dois avoir ma dose de foot, surtout ma dose de foot
international, étranger, européen. En L1, quand tu vois deux ou trois
matches comme ceux que tu es amené à voir, pfff..."

Tiens donc ! Exactement la même phrase qu’il y a cinq ans. A
l’époque, Coco dénonçait le manque global d’initiatives de la part des
entraîneurs de l’élite française, distinguant toutefois le Sochaux de
Jean Fernandez, repris par Guy Lacombe, ainsi que le Monaco d’un
certain Didier Deschamps.

"Lui, il va trop vite pour moi! ...
Tu te rends compte, il a vécu à Monaco en deux saisons ce que j’ai vécu
en presque trente ans! En quittant la Principauté, il a dit plein de
trucs sur les gens qui n’y connaissent rien, qui sont là depuis un ou
deux ans mais qui décident car ils croient savoir: je m’y suis
retrouvé. ... Ce qu’il a dit est, en effet, une grande vérité ....
Il l’a dit de façon carrée, comme il est. Ce qui m’interpelle
aujourd’hui est de savoir quelles questions les dirigeants se posent.
Tiennent-ils compte de ce qui a fait la richesse d’un club ? Comment ce
club est-il arrivé au sommet ? Et quelles sont leurs réponses ?
Assurément, eux et moi nous n’aurons jamais les mêmes."

On en revient alors au pourquoi du comment à propos de la déliquescence nantaise.

"Ça a commencé avec Max Bouyer à la fin des années 80, quand il a été président.... Il fallait changer. Quoi ? Je prétends qu’il convient de faire encore mieux ce que tu sais déjà bien faire, c’est fondamental ...!
Il fallait recruter des jeunes, ne pas hésiter à payer pour qu’ils
viennent, ici et pas ailleurs. Renforcer les points forts de notre
vocation. A l’inverse, on met de l’argent dans quatre ou cinq éléments
de niveau moyen et on s’éparpille. C’est çà notre produits, les jeunes.
... Pour
s’occuper d’eux, il faut des cadres de haut niveau, qu’il faut payer
aussi, mais là, au moins, on restait dans notre créneau, notre
savoir-faire. On me dit que le monde a changé. Moi je réponds qu’on se
fout de ma gueule! Que fait Arsène à Arsenal ? Du haut niveau tout en
restant l’éducateur qu’il est au fond de lui. Ce que j’étais ! Mais,
pour cela, il faut être compétent , mettre les hommes au bon endroit,
au bon moment et, surtout, ne pas roupiller."

Quel homme ce Coco! C’est exactement ce qu’a dit Wenger lors de son
interview « face aux lecteurs » de France Football il y a trois
semaines. Si seulement la pertinence de ses commentaires pouvait
déteindre sur le grand Marcel, aussi bien que la rigueur et
l’intelligence tactique l’avaient fait au centre de formation nantais,
les téléspectateurs de Canal + ne s’en porteraient pas plus mal.
Invité, une fois clos le chapitre nantais, à donner son avis sur
d’autres sujets, celui qui avait failli succéder à Aimé Jacquet en 1998
à la tête des Bleus sort une fois de plus des sentiers battus. L’équipe
de France ?

"Une chose est certaine, c’est elle qui a bonifié le
sélectionneur et non l’inverse. Car lui, il n’a rien bonifié du tout et
je n’ai pas besoin d’être à l’intérieur pour le prétendre. Je vois,
c’est tout. C’est peut-être un sélectionneur mais certainement pas un
entraîneur ! On s’en était rendu compte à l’occasion du dernier
France-Ecosse, que l’on perd. Au bout d’un quart d’heure, on avait
compris à quoi ressemblerait ce match, à une espèce d’attaque-défense,
et alors ? Après la rencontre, Domenech a dit que les attaquants ne
seraient jamais parvenus à arriver lancés dans la surface adverse,
comme il l’aurait fallu, mais lui, qu’a-t-il fait pour cela ? Il a
continué à jouer à quatre derrière ...
alors que ces quatre-là avaient un seul attaquant à surveiller... La
seule intelligence que je lui reconnais, c’est d’avoir laissé faire les
anciens durant le Mondial. Quand je l’entends critiquer un Wenger à qui
il n’arrive même pas à la cheville comme technicien..."

Il faut à cet instant imaginer la jubilation de Patrick Dessault,
lui qui, de performances décevantes en matches inquiétants, n’hésitait
plus à se lâcher sur notre sélectionneur-farceur dans les colonnes de
France Football (et ce n’est pas moi qui lui en tiendrait rigueur).
Allez Coco, la suite. Thierry Henry ?

"Il a démarré sa carrière pro avec Monaco, contre
Nantes, contre moi donc. Je le revois encore... Jamais je n’ai revu un
joueur comme lui. Sur cette aile gauche, il marchait sur la ligne, et
quand je dis qu’ il marchait, il courait et j’avais l’ impression qu’il
sprintait tout le temps. Un animal, aussi beau à voir courir qu’une
antilope. Il nous laissait dix mètres derrière, il dribblait tout le
monde. Il m’avait fait une impression extra, encore plus grande que
Zidane. J’aurais eu un joueur comme ça... ... Avec Eto’o, il est pour moi le meilleur joueur actuel en Europe."

Claude Makelele ?

"Il a un jeu différent de celui pratiqué par ses
partenaires. C’est sa richesse. Et j’en suis un peu fier, car cette
culture qu’il possède, il l’a apprise chez nous, même s’il l’a
développée ailleurs, au Real surtout. Ses fondements, sa réflexion sont
nés à Nantes, eh oui ! Quitte à paraître un peu présomptueux, ce côté
exceptionnel c’est à Nantes qu’ il l’a pioché ....
Je lui dis souvent : " Moi je n’ai peut-être pas joué au Real , à
Chelsea, comme toi, et il paraît aussi que tu es indispensable, mais
désolé, tu ne me fais pas bander. " Il s’enferme trop dans un rôle,
alors que moi, je n’ai jamais voulu enfermer quelqu’un."

Un dernier pour la route : le Real et le Barça ?

"J’ai observé la lente dégradation du Real Madrid. Vous
savez, quand il n’y a plus que des joueurs qui portent le ballon et
plus personne autour pour s’engouffrer dans les espaces, créer le
mouvement, c’est éclairant. Barcelone doit également s’en méfier. Son
match à Chelsea en C1 m’y a fait penser, mais, c’est vrai, Eto’o est
absent en ce moment, et là... Le Barça perd beaucoup sans son
Camerounais. C’est lui le meilleur, et de loin."

Des papiers comme celui-ci justifieraient presque à eux seuls le
prix de l’abonnement à la « Bible du football ». Cher Patrick Dessault,
j’espère que vous parviendrez à séquestrer le Coco encore quelques fois
pour nous offrir ces moments de bonheur. En revanche, si ça pouvait
être un peu plus fréquent, s’il vous plaît...

http://mr-suaudeau.football.fr/2006/11/05/60-le-maitre-a-parle

M'en vais acheter FF et verser ma larme...

un vrai bonheur
thanks !

Coco.
Pour Henry il a entièrement raison ,lors de ses débuts ,il impressionnait,plus que zidane....
Merci Nico.

Il a raison sur tout. Ca fait plaisir d'entendre quelqu'un qui connait aussi bien le football

guiki a écrit:

3ème post

Je suis sur qu'il reviendrait filer un coup de main, si seulement les 3 rigolos de service n'étaient pas là...

seb a écrit:Je suis sur qu'il reviendrait filer un coup de main, si seulement les 3 rigolos de service n'étaient pas là...

pas sur; je crois plutot qu'il préfère rester sur une bonne impression le pere jean claude.... je suis pas tres sur qu'il aimerait remettre les mains dans le camboui...