Les bonnes affaires immobilières des clubs espagnols

Le Monde.fr :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-842536@51-836715,0.html

Les supporteurs de l'Atletico Madrid sont las. Depuis dix ans, leur club ne parvient à jouer que les seconds rôles. Dans la capitale espagnole, il vit dans l'ombre du Real, et le supporte de plus en plus mal.

La vitrine du Real Madrid expose à ses visiteurs, dans une salle encombrée de distinctions, les sept coupes d'Europe des clubs champions qui illustrent sa légende. Au jeu des comparaisons, celle avec l'Atletico fait pitié. Inutile de chercher un seul exemplaire du trophée continental le plus convoité, et l'année à venir n'y changera rien, puisque l'équipe ne s'est pas qualifiée pour l'actuelle Ligue des champions.


Chiffres

Plus-values réalisées par les clubs grâce aux requalifications immobilières :

Real Madrid : 501 millions d'euros.

Murcie : 200 millions.

Valence : 180 millions.

Levante : 52 millions.

Valladolid : 26 millions.

FC Séville : 25 millions.

Bétis Séville : 25 millions.

Saragosse : 20 millions.

Osasuna Pampelune : 20 millions.

(Source : El Pais)
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Enrique Cerezo ne se résout pas, pour autant, à rester dans l'ombre du Real ou du FC Barcelone. Le président de l'Atletico a de bonnes raisons de croire en l'avenir. La ville de Madrid s'apprête, en effet, à reconsidérer le statut de la surface (9,14 hectares) qui abrite le stade Vicente Calderon et une ancienne brasserie attenante, au sud-ouest de la capitale.

Si la ville donne son accord, plus rien ne s'opposerait à la réalisation d'un projet immobilier de grande ampleur avec 2 200 logements dont le vendeur, l'Atletico (endetté à hauteur de 120 millions d'euros), serait l'heureux bénéficiaire avec une plus-value estimée à plus de 500 millions d'euros. C'est exactement cette somme que le Real, sous la présidence de Florentino Perez, avait encaissée en cédant, en l'an 2000, son centre d'entraînement au nord de la ville.

QUATRE GRATTE-CIEL EN CONSTRUCTION

Dans ce quartier, le coefficient d'occupation des sols alors en usage était de 0,3 par mètre carré. Concrètement, cela correspondait à une surface de plancher constructible de 0,3 mètre carré par mètre carré. La mairie, dirigée par le Parti populaire (PP, droite), avait consenti une faveur royale au club en relevant le coefficient jusqu'à 1,7 mètre carré, soit près de six fois plus que la norme !

Sur cette ancienne propriété du Real, achetée, en 1960, pour 11 millions de pesetas (l'équivalent de 67 000 euros), trônent aujourd'hui quatre gratte-ciel en construction. Avec ce trésor de guerre, M. Perez a financé sa politique de vedettariat en recrutant successivement Luis Figo (60 millions d'euros), Zinédine Zidane (76 millions d'euros), Ronaldo (50 millions d'euros) ou encore David Beckham (35 millions d'euros) et en leur accordant des salaires mirobolants (6 millions d'euros net par an).

L'opposition de gauche à la mairie s'était élevée contre ce "cadeau". Elle déposa un recours auprès de la Commission européenne de Bruxelles qui classa l'affaire. Ces conventions entre municipalité et clubs au bénéfice des seconds sont désormais courantes dans le pays.

Le quotidien El Pais a recensé une dizaine d'opérations conclues et presque autant en cours de négociations. Le FC Valence, présidé par un promoteur immobilier, Juan Soler, affirme qu'il va multiplier "par 10" le patrimoine de son club en réalisant "quatre ou cinq opérations urbanistiques" en accord avec la municipalité PP de Valence. A son tour, elle va revoir à la hausse le coefficient d'occupation des sols du stade, qui sera démoli pour permettre la construction de 2 700 logements. Bénéfice pour le club : 180 millions d'euros.

En 1999, Jesus Samper, ancien président de la Ligue du football espagnol, a racheté le club de Murcie, discrédité sportivement et au bord de la faillite. Peu après, il acquérait pour 9 millions d'euros un vaste terrain qualifié alors d'"impropre à la construction". Deux ans plus tard, M. Samper obtenait, toutefois, l'agrément du maire PP de Murcie pour y installer un nouveau stade, une zone commerciale et un golf. Le gain a été estimé à 200 millions d'euros !

Juste avant Noël 2005, le gouvernement régional de la Cantabrie gratifiait le Racing Santander d'une subvention de 2 millions d'euros au motif que le club assure la promotion de la région. Le 3 avril 2006, la même assemblée versait 17 millions d'euros pour obtenir la commercialisation de la marque du club.

Au concours de l'ingéniosité, Osasuna s'annonce redoutable. L'équipe de Pampelune a réduit son endettement en rebaptisant son stade "royaume de Navarre". Pour ce "sacrifice", le gouvernement autonome lui attribue une subvention de 1,5 million d'euros.
Elie Barth

C'est pas la même culture, chez nous les pouvoirs publics auraient plutôt tendance à emmerder les clubs plutôt qu'à les favoriser