Kevin Das Neves sort de sa bulle

Ligue 1 : Kevin Das Neves sort de sa bulle

FC Nantes. Titulaire sur le flanc droit de la défense depuis le match de coupe de France à Sedan, Kevin Das Neves (20 ans) fait son trou dans l'ombre. Portrait

Pas le genre d'icône à faire rêver les foules. Pourtant, la première demande d'entretien s'accompagne d'un non formel. Du bout des lèvres, la persévérance finit par valoir un rendez-vous dans les murs de la Jonelière. Timide ou distant ? « Plutôt réservé » corrige l'intéressé, pas encore 20 ans. Rétif tout bonnement à la curiosité, surtout si l'importun l'approche avec un calepin. Ombrageux mais pas désinvolte ou irrévérencieux derrière sa capuche à la Barthez. Les apparences sont trompeuses. « Vivons heureux, vivons caché, ai-je coutume de dire ».Il a failli se couler à Cannes. Né Auvergnat, d'un père dans le batiment et d'une mère travaillant dans un cabinet médical, Kevin Das Neves a tapé dans son premier ballon à 4 ans, le long d'une balustrade, pendant que son paternel portait haut les couleurs de Romagnat. « Un arrière droit qui jouait pas mal ! Personnellement, j'ai commencé milieu. En fait, j'attaquais, je défendais. Le truc qui me plaisait le plus : c'était courir. » À l'étroit au village, il file par la suite à Cournon avant d'intégrer à 15 ans l'INF Vichy. « C'est l'internat, les 400 coups avec la bande de potes et les conneries qui défilent. » Les jours heureux s'entassent. La vie est belle mais cruelle. Elle laisse sur le bas-côté son lot d'amis. « Ils ont continué à jouer mais à un niveau moindre. Pourquoi moi et pas eux · Une part de chance, de mental. Ça se joue à peu de chose. » À 17 ans, le voilà embarqué dans le milieu. Lui a opté pour l'AS Cannes où Zidane et Vieira ont fait leurs classes. « Mes souvenirs de môme, c'est la coupe du Monde 98 ! À l'époque, j'ai seulement onze ans. » Ciel gris et grosse déprime sur la Côte d'Azur. « J'arrivais tout seul, je ne rentrais chez mes parents que pour les vacances scolaires. Rien d'évident. Au bout de deux ou trois mois, j'ai voulu tout arrêter. » Remerciement à Roland Gransard, alors patron du centre de formation cannois. « Il m'a pris sous son aile et est parvenu à me faire changer d'avis. Il m'a expliqué tout ce que je ratais si je venais à arrêter. Mon père m'a dit d'essayer. Encore un détail qui fait basculer une carrière. » Après deux ans en National, Cannes perd son statut pros. Kevin Das Neves - « je n'étais pas le plus mauvais au niveau scolaire » - prend la plume. Son C.V laissera certains clubs impassibles. « Le FCNA m'a répondu et est venu me voir jouer. » À 18 ans, La Jonelière a hérité d'un nouvel élève. Une saison avec les 18 ans nationaux, deux autres en CFA. « Ici, j'ai trouvé deux potes pour la vie ! C'est la plus belle chose. » Lucas Porquet a rebondi à Raon-l'Etape et Frédéric Samaritano évolue à Izeure. « C'est difficile de voir les copains partir. Pour ne pas dire plus... Encore la chance. J'ai aussi des qualités. » Il vit au jour le jour. En tête de liste, ses entraîneurs ne citeront pas son caractère. « Ils m'ont reproché de faire la g... ! Et encore, ca va un peu mieux grâce au Doc Bryand. Il m'a beaucoup aidé l'an dernier. Il s'agissait d'une saison couperet, assortie d'une décision. » Le passage en pros, accompagné d'un contrat de trois ans, « un soulagement, une concrétisation ». Le gamin n'a jamais été obnubilé par un devenir professionnel, ni par les paillettes qui accompagnent le milieu. « Il faut savoir relativiser et sortir de sa bulle. On fait quelque chose de sympa sans trop de contraintes. Même si Nantes me virait un jour, je ne perdrais pas tous mes rêves de footballeur. Je ne viens pas d'un milieu où l'argent coulait à flot ! » Après un début de saison gâché par une blessure à l'épaule - « Il m'a fallu trois mois pour m'en remettre » - Das Neves profite d'un CDD de latéral droit qui dure. Cinq matches comme titulaires plus deux au titre de remplaçant. « Ma préférence va pour l'axe mais à 20 ans, on demande seulement du temps de jeu. Je ne suis pas trop à me projeter dans l'avenir. Je vis au jour le jour. La priorité, c'est le maintien car dans tous les cas de figure, ce ne sera pas une saison réussie. On est loin de l'objectif annoncé. Personnellement, je sais que je peux aller plus haut. » Il a tout de même vu partir Serge Le Dizet, qui l'avait lancé dans le grand bain en fin de saison dernière face à Bordeaux. « Logique ou pas logique, le milieu fonctionne ainsi. » Le foot n'est que le reflet d'une société où les attentats suicides, l'élection présidentielle, le chômage ou le combat des SDF interpellent un jeune de 20 ans, encore hésitant sur le choix du prochain président de la République. Le FC Nantes aime à rappeler qu'il forme aussi des hommes.Christophe DELACROIX.

Ouest-France

Triskel a écrit:Ligue 1 : Kevin Das Neves sort de sa bulle

FC Nantes. Titulaire sur le flanc droit de la défense depuis le match de coupe de France à Sedan, Kevin Das Neves (20 ans) fait son trou dans l'ombre. Portrait

Pas le genre d'icône à faire rêver les foules. Pourtant, la première demande d'entretien s'accompagne d'un non formel. Du bout des lèvres, la persévérance finit par valoir un rendez-vous dans les murs de la Jonelière. Timide ou distant ? « Plutôt réservé » corrige l'intéressé, pas encore 20 ans. Rétif tout bonnement à la curiosité, surtout si l'importun l'approche avec un calepin. Ombrageux mais pas désinvolte ou irrévérencieux derrière sa capuche à la Barthez. Les apparences sont trompeuses. « Vivons heureux, vivons caché, ai-je coutume de dire ».Il a failli se couler à Cannes. Né Auvergnat, d'un père dans le batiment et d'une mère travaillant dans un cabinet médical, Kevin Das Neves a tapé dans son premier ballon à 4 ans, le long d'une balustrade, pendant que son paternel portait haut les couleurs de Romagnat. « Un arrière droit qui jouait pas mal ! Personnellement, j'ai commencé milieu. En fait, j'attaquais, je défendais. Le truc qui me plaisait le plus : c'était courir. » À l'étroit au village, il file par la suite à Cournon avant d'intégrer à 15 ans l'INF Vichy. « C'est l'internat, les 400 coups avec la bande de potes et les conneries qui défilent. » Les jours heureux s'entassent. La vie est belle mais cruelle. Elle laisse sur le bas-côté son lot d'amis. « Ils ont continué à jouer mais à un niveau moindre. Pourquoi moi et pas eux · Une part de chance, de mental. Ça se joue à peu de chose. » À 17 ans, le voilà embarqué dans le milieu. Lui a opté pour l'AS Cannes où Zidane et Vieira ont fait leurs classes. « Mes souvenirs de môme, c'est la coupe du Monde 98 ! À l'époque, j'ai seulement onze ans. » Ciel gris et grosse déprime sur la Côte d'Azur. « J'arrivais tout seul, je ne rentrais chez mes parents que pour les vacances scolaires. Rien d'évident. Au bout de deux ou trois mois, j'ai voulu tout arrêter. » Remerciement à Roland Gransard, alors patron du centre de formation cannois. « Il m'a pris sous son aile et est parvenu à me faire changer d'avis. Il m'a expliqué tout ce que je ratais si je venais à arrêter. Mon père m'a dit d'essayer. Encore un détail qui fait basculer une carrière. » Après deux ans en National, Cannes perd son statut pros. Kevin Das Neves - « je n'étais pas le plus mauvais au niveau scolaire » - prend la plume. Son C.V laissera certains clubs impassibles. « Le FCNA m'a répondu et est venu me voir jouer. » À 18 ans, La Jonelière a hérité d'un nouvel élève. Une saison avec les 18 ans nationaux, deux autres en CFA. « Ici, j'ai trouvé deux potes pour la vie ! C'est la plus belle chose. » Lucas Porquet a rebondi à Raon-l'Etape et Frédéric Samaritano évolue à Izeure. « C'est difficile de voir les copains partir. Pour ne pas dire plus... Encore la chance. J'ai aussi des qualités. » Il vit au jour le jour. En tête de liste, ses entraîneurs ne citeront pas son caractère. « Ils m'ont reproché de faire la g... ! Et encore, ca va un peu mieux grâce au Doc Bryand. Il m'a beaucoup aidé l'an dernier. Il s'agissait d'une saison couperet, assortie d'une décision. » Le passage en pros, accompagné d'un contrat de trois ans, « un soulagement, une concrétisation ». Le gamin n'a jamais été obnubilé par un devenir professionnel, ni par les paillettes qui accompagnent le milieu. « Il faut savoir relativiser et sortir de sa bulle. On fait quelque chose de sympa sans trop de contraintes. Même si Nantes me virait un jour, je ne perdrais pas tous mes rêves de footballeur. Je ne viens pas d'un milieu où l'argent coulait à flot ! » Après un début de saison gâché par une blessure à l'épaule - « Il m'a fallu trois mois pour m'en remettre » - Das Neves profite d'un CDD de latéral droit qui dure. Cinq matches comme titulaires plus deux au titre de remplaçant. « Ma préférence va pour l'axe mais à 20 ans, on demande seulement du temps de jeu. Je ne suis pas trop à me projeter dans l'avenir. Je vis au jour le jour. La priorité, c'est le maintien car dans tous les cas de figure, ce ne sera pas une saison réussie. On est loin de l'objectif annoncé. Personnellement, je sais que je peux aller plus haut. » Il a tout de même vu partir Serge Le Dizet, qui l'avait lancé dans le grand bain en fin de saison dernière face à Bordeaux. « Logique ou pas logique, le milieu fonctionne ainsi. » Le foot n'est que le reflet d'une société où les attentats suicides, l'élection présidentielle, le chômage ou le combat des SDF interpellent un jeune de 20 ans, encore hésitant sur le choix du prochain président de la République. Le FC Nantes aime à rappeler qu'il forme aussi des hommes.Christophe DELACROIX.

Ouest-France

T'aurais pu faire des paragraphes Triskou.

Brigade Odet a écrit:T'aurais pu faire des paragraphes Triskou.

Il aurait fallu que je refasse l'article.

Pas con le p'tit