Les footballeurs, une valeur spéculative comme les autres

LE MONDE | 27.08.05 | 14h39 • Mis à jour le 27.08.05 | 14h40
BRUXELLES de notre correspondant

Ils croyaient appartenir à la meilleure équipe de football des Pays-Bas, être porteurs à part entière du célèbre maillot rouge et blanc. Quatorze joueurs du PSV Eindhoven viennent de découvrir que, s'ils jouaient bien sous les couleurs du club, ils étaient, à leur insu, attachés à trois fonds de placement. Confrontée aux révélations de la presse, la direction du club, qui a terminé demi-finaliste de la Ligue des champions en mai, a dû admettre qu'elle s'était livrée à une étrange pratique entre 2000 et 2004.

L'affaire paraît simple dans son principe à une époque où de nombreux fonds spéculatifs sont à la recherche d'opérations très rentables. Incapables financièrement de se porter acquéreurs de joueurs de talent nécessaires pour briller sur la scène nationale et européenne, les dirigeants du PSV Eindhoven se sont adressés à des fonds d'investissement privés, pour qui l'argent n'est pas un problème. En contrepartie, il était prévu que, lors de la revente des joueurs dont ils ont financé l'achat, les investisseurs touchent un pourcentage important sur les bénéfices occasionnés par le transfert.

Au total, 30 millions d'euros auraient été mis à la disposition du club, qui avait délibérément choisi de ne pas informer les intéressés de ces pratiques peu habituelles dans le domaine sportif. Trois d'entre eux, transférés depuis dans d'autres équipes, Mark Van Bommel (Barcelone), Arjen Robben (Chelsea) et Adil Ramzi (AZ Alkmaar), ont affirmé tout ignorer de leur situation lorsqu'ils étaient à Eindhoven.

Le syndicat néerlandais des joueurs (le VVCS) a exigé que la clarté soit faite sur ce dossier. De son côté, la Ligue nationale de football affirme que rien ne justifie une action de sa part ou une modification des règlements, tant que les clubs respectent le droit du travail.

Ce sont les investisseurs qui ont été les premiers à remettre en cause une partie de l'opération. Considérant le rendement trop faible, ils ont demandé au PSV Eindhoven de racheter, pour 17 millions d'euros, une partie des joueurs, jugés selon eux trop peu rentables. Ils ont conservé les vedettes, qui paraissaient plus monnayables sur le marché des transferts. Arjen Robben, dont le passage pour 18 millions d'euros à Chelsea leur a rapporté 4,5 millions, faisait partie de cette élite.
Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 28.08.05