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La santé et le sport
Sam 27 Juin 2009, 10:46
RUGBY
Responsable de la consultation « commotion cérébrale et sport » à l'hôpital Léopold-Bellan de Paris, consultant régulier du Stade Français, le docteur Chermann tire la sonnette d'alarme.
LE FIGARO. - Pourquoi la santé neurologique des rugbymen est-elle devenue préoccupante ?
Dr Jean-François CHERMANN. - Première raison, évidente, les cadences infernales. Du point de vue neurologique, aussi bien qu'orthopédique, on ne peut faire fi de la récupération. Et pourtant, on envoie à l'autre bout du monde des joueurs qui viennent de disputer les demi-finales et finale du Top 14 pour affronter les All Blacks… Ensuite, du fait du développement considérable, ces dernières années, de leur masse musculaire, les joueurs sont devenus des athlètes surdimensionnés. Les impacts physiques démesurés n'ont plus rien à voir avec ceux d'il y a quinze ans. Or on ne peut muscler ni la boîte crânienne, ni le cerveau !
Mais de plus en plus de joueurs portent des casques…
Ces casques mous ne protègent nullement d'une commotion cérébrale. Qui n'est pas forcément provoquée, je le rappelle, par un coup à la tête. Un plaquage violent, au niveau thoracique par exemple, peut provoquer une décharge électrique dont l'onde va se propager jusqu'au cerveau. C'est à cause de cela que je trouve les nouvelles phases de jeu - ces rucks où des joueurs puissants lancés comme des torpilles percutent des adversaires sans ballon - vraiment très dangereuses. Tout comme les plaquages hauts qui constituent l'une des séquences les plus génératrices de commotion.
Comment prévenir ces risques ?
Par le développement des muscles protégeant le rachis cervical. Et par le respect de plages de repos, irremplaçables. L'idéal serait de diminuer de 20 % les cadences actuelles (un international peut disputer jusqu'à 40 matchs par saison, NDLR). Sinon, il n'y a pas de solution miracle, ni de médicament, pour protéger le cerveau… Je préconise la systématisation à tous les joueurs, en début de saison, de tests neuropsychologiques évaluant leur rapidité de réaction. Les médecins disposeraient ainsi d'une base de données leur permettant de suivre l'évolution de la commotion.
La Fédération internationale (IRB) est consciente du problème. Elle prévoit qu'un joueur victime d'un KO soit arrêté trois semaines.
Ce n'est malheureusement pas toujours appliqué. Les médecins de club subissent de plus en plus la pression des entraîneurs, des présidents, pour ne pas arrêter le joueur. Et même, souvent, du joueur lui-même ! Or, à la différence d'une lésion musculaire ou d'une rupture tendineuse visible à l'IRM, l'IRM cérébrale d'un commotionné est normale. Le joueur peut même se sentir bien le lendemain du choc. (Ironique ) Dès lors pourquoi ne pas le faire jouer ? Vu les sommes désormais en jeu, les joueurs doivent être rentables…
Responsable de la consultation « commotion cérébrale et sport » à l'hôpital Léopold-Bellan de Paris, consultant régulier du Stade Français, le docteur Chermann tire la sonnette d'alarme.
LE FIGARO. - Pourquoi la santé neurologique des rugbymen est-elle devenue préoccupante ?
Dr Jean-François CHERMANN. - Première raison, évidente, les cadences infernales. Du point de vue neurologique, aussi bien qu'orthopédique, on ne peut faire fi de la récupération. Et pourtant, on envoie à l'autre bout du monde des joueurs qui viennent de disputer les demi-finales et finale du Top 14 pour affronter les All Blacks… Ensuite, du fait du développement considérable, ces dernières années, de leur masse musculaire, les joueurs sont devenus des athlètes surdimensionnés. Les impacts physiques démesurés n'ont plus rien à voir avec ceux d'il y a quinze ans. Or on ne peut muscler ni la boîte crânienne, ni le cerveau !
Mais de plus en plus de joueurs portent des casques…
Ces casques mous ne protègent nullement d'une commotion cérébrale. Qui n'est pas forcément provoquée, je le rappelle, par un coup à la tête. Un plaquage violent, au niveau thoracique par exemple, peut provoquer une décharge électrique dont l'onde va se propager jusqu'au cerveau. C'est à cause de cela que je trouve les nouvelles phases de jeu - ces rucks où des joueurs puissants lancés comme des torpilles percutent des adversaires sans ballon - vraiment très dangereuses. Tout comme les plaquages hauts qui constituent l'une des séquences les plus génératrices de commotion.
Comment prévenir ces risques ?
Par le développement des muscles protégeant le rachis cervical. Et par le respect de plages de repos, irremplaçables. L'idéal serait de diminuer de 20 % les cadences actuelles (un international peut disputer jusqu'à 40 matchs par saison, NDLR). Sinon, il n'y a pas de solution miracle, ni de médicament, pour protéger le cerveau… Je préconise la systématisation à tous les joueurs, en début de saison, de tests neuropsychologiques évaluant leur rapidité de réaction. Les médecins disposeraient ainsi d'une base de données leur permettant de suivre l'évolution de la commotion.
La Fédération internationale (IRB) est consciente du problème. Elle prévoit qu'un joueur victime d'un KO soit arrêté trois semaines.
Ce n'est malheureusement pas toujours appliqué. Les médecins de club subissent de plus en plus la pression des entraîneurs, des présidents, pour ne pas arrêter le joueur. Et même, souvent, du joueur lui-même ! Or, à la différence d'une lésion musculaire ou d'une rupture tendineuse visible à l'IRM, l'IRM cérébrale d'un commotionné est normale. Le joueur peut même se sentir bien le lendemain du choc. (Ironique ) Dès lors pourquoi ne pas le faire jouer ? Vu les sommes désormais en jeu, les joueurs doivent être rentables…
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