Est-ce que c'est un avatar de tarlouze ?

Frolic a écrit:

Nico56 a écrit:

Frolic a écrit:

[?] [?] [?]

Frolic a écrit:
on sait que tu aimes le pinard

Frolic a écrit:

Nico56 a écrit:Bon c'est vrai que j'aime bien Pascal Pinard, j'avoue [tri]

Pascal Pinard, histoire d’eau

Jeux Paralympiques. Ce nageur polyvalent, amputé fémoral de la jambe gauche (à hauteur du genou) et de ses deux avant-bras, a récolté trois médailles d’argent (200 m x 4 nages, 50 m papillon et 100 m brasse) à Sydney. Portrait d’un homme qui nage aussi " dans le bonheur de voir le drapeau tricolore monté ".

De notre correspondante particulière

à Sydney.

Le 10 septembre 1965, Pascal Pinard est né, " sans savoir pourquoi ", avec une jambe gauche qui s’est arrêtée au genou, n’a pas poussé plus loin que 45 cm, et deux débuts de bras, qui ont renoncé avant leur coude : " Ce qui me sauve, c’est que j’ai une petite flexion au niveau du début du coude gauche, une flexion qui me sert de main. " Cinq ans après sa naissance, le bambin est expédié à Kerpape, " dans un centre de rééducation, où je n’avais rien à rééduquer, en fait. J’y suis resté pendant sept ans et je voyais mes parents deux ou trois fois par an. Sept ans pendant lesquels j’ai cru que les gens que je côtoyais tous les jours, des personnes handicapées à la suite d’accident de la route ou de maladie, étaient des gens normaux. Le jour où je suis sorti, vers l’âge de douze ans, j’ai compris ce qu’était le handicap. " Sa première rentrée scolaire lui introduit même cruellement cette notion : " Au collège, ils n’ont pas voulu me prendre, sous prétexte que je ne pourrais pas suivre à cause de mon handicap, et que je subirais des regards. " Résultat : Pascal et ses douze ans sont rejetés dans une école de village, " qui a bien voulu m’accepter ", dans une classe de CM1 : " Donc, j’ai été obligé de refaire un cursus scolaire que je connaissais par cour, j’ai perdu trois ans. Un jour, à l’école, je jouais à chat perché et j’ai perdu ma prothèse. Alors, on m’a demandé de faire un peu plus gaffe afin de ne pas trop effrayer mon entourage, des potes de classe qui m’avaient vu boiter mais qui étaient loin de s’imaginer que j’avais une prothèse ! " Entre-temps, le Breton a presque oublié ses débuts en natation, " au centre, pour faire du sport, quoi ! Quand j’en suis sorti, je faisais plutôt le con avec des copains qui n’étaient pas sportifs, alors... "

Alors, la rencontre avec sa future femme le remet dans le bain. " Comme je m’encroûtais, que je prenais du poids et fumais trop ! Bref, j’avais tous les vices. Et comme elle avait raison, les premiers quinze mètres que j’ai faits dans une piscine d’eau de mer chauffée à 35 øC m’ont essoufflé ! " En six mois de pratique, Pascal Pinard décroche une sélection aux championnats de France, " c’était en 1988 ". Depuis, il est devenu l’un des meilleurs nageurs polyvalents du monde. " Toujours fier de faire monter le drapeau tricolore, même pour une médaille d’argent, pour moi et les autres nageurs. "

Sur la plage de départ, il lui suffit de s’asseoir, de plier le genou pour déchausser sa prothèse. Sur le plot, en position de départ, son moignon droit lui sert de béquille. Puis, de sa jambe gauche, le Breton se propulse aussi loin qu’un valide : " Mais j’ai un plongeon de merde parce que j’entre mal dans l’eau... " Dans l’eau, il jongle avec les nages. Sa spécialité, c’est le papillon : " La nage qui convient le mieux à mon handicap parce que je possède une ondulation naturelle qui fait une grande partie de tout le boulot. En dos, je ne touche pas terre parce que mes bras me servent très peu, ma jambe et demie quasiment à rien. En nage libre, sans avant-bras, je ne suis plus rien. Avant, encore, je m’en sortais. Mais maintenant, à l’image des nageurs valides qui avalent les distances en nage libre plus avec les bras et les mains qu’avec les pieds et les jambes, les nageurs handicapés font de même. Enfin, en brasse, j’ai un bon ciseau, ma flexion à la hauteur de mon coude gauche et mon moignon me permettent de me propulser et mon pied droit me sert de gouvernail. Et, comme je pousse avec les bras, je ne pousse pas dans le vide, donc c’est efficace. En fait, mon truc, c’est plutôt le 200 m x 4 nages, un bon compromis entre mes atouts et mes faiblesses. "

Aujourd’hui, et certainement depuis très longtemps, notre bibliothécaire rennais a dégotté l’art de cultiver les facettes positives : " Je vois des mecs vachement plus lourdement handicapés que moi. Moi, au moins, je peux marcher. Je n’ose imaginer la vie d’un mec bloqué dans un fauteuil qui ne peut pas se saper, qui ne peut pas bouger ou qui ne peut pas conduire. Pour moi, le pire des handicaps, c’est de ne pas pouvoir s’exprimer. Mais s’exprimer dans le sens de parler, ça, c’est vache ! Sinon, pour tous les autres types de handicap, on s’adapte. Encore mieux si, comme moi, on est né avec. "

Dans sa ligne d’eau, notre champion paralympique de brasse en 1996 est un vrai poisson dans l’eau au même titre qu’un autre : " Regardez, un mec sans bras, il nage le papillon en ondulant exactement comme un serpent de mer. Moi, je nage un peu comme un poisson... non, plutôt une tortue... Non, non, disons, plutôt comme un phoque, parce que j’ondule et je me sers de mes deux petits bras comme de nageoires. "

Handicapé, Pascal Pinard ne se voit pas. Ou si peu. Mais pas comme les valides le dévisagent : " Dans ma tête, je ne suis pas handicapé. Et, contrairement à beaucoup de femmes, plus ou moins bien foutues, je n’ai pas de problèmes pour me montrer en maillot de bain. Mais, comme tout un chacun, je me sens handicapé. Oui, chacun possède en lui quelque chose qu’il vit comme un handicap. Moi, par exemple, je suis handicapé lorsqu’il s’agit d’écouter les autres et de leur venir en aide, par un simple petit mot que je n’arrive jamais à trouver. Pour cela, je suis complètement désarmé... "

Claude Hessege

http://www.humanite.fr/journal/2000-10-30/2000-10-30-233938

Portrait d’un homme qui nage aussi " dans le bonheur de voir le drapeau tricolore monté "

Frolic a écrit:Le 10 septembre 1965, Pascal Pinard est né, " sans savoir pourquoi ", avec une jambe gauche qui s’est arrêtée au genou, n’a pas poussé plus loin que 45 cm, et deux débuts de bras, qui ont renoncé avant leur coude

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