Le topic des articles sympatoches :-)
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- PhébusBallon d'Or
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Mar 26 Fév 2013, 10:25
pissoffcake a écrit:c'était déjà complètement con dans un sens, c'est complètement con dans l'autre
C'est complètement débile...un peu comme la mode
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Mer 27 Fév 2013, 18:49
Dépréciation appréciée
Il n'y a pas de mal à se faire du bien. Mais y a-t-il du bien à se faire du mal ? Par exemple, théoriquement, un actif, cela ne se déprécie jamais de gaieté de coeur. Pourtant, dans certaines circonstances, on peut parfois en tirer une petite satisfaction.
Ainsi, quand Vivendi a déprécié, mardi 26 février, la valeur de sa participation dans Canal+ France de 665 millions d'euros, le groupe avait tout un tas de bonnes raisons de le faire : hausse de la TVA, baisse des abonnements, sans oublier les Qataris de BeIN Sport, qui font grimper les enchères sur les droits sportifs. Mais cette dépréciation n'a pas que des mauvais côtés, car elle contribue, par ricochet, à faire fondre la valeur de la part minoritaire que détient Lagardère dans la chaîne cryptée.
Cela tombe bien, le groupe d'Arnaud Lagardère cherche querelle à Vivendi depuis quelques semaines. Il veut se débarrasser de ses 20 % dans Canal+, mais pas à n'importe quel prix. Vivendi est prêt à racheter, mais pas à n'importe quel prix. Les affaires, quoi.
Toutefois, le ton est monté d'un cran mi-février, quand Lagardère a brandi l'arme juridique pour réclamer la restitution de 1,6 milliard d'euros de trésorerie à Canal+ France. " Pas question ", a répondu Vivendi, considérant l'opération comme un transfert de valeur de ses actionnaires vers ceux de Lagardère. Jean-René Fourtou, le président de Vivendi, qui a d'autres chats à fouetter (deux ou trois choses à régler sur le plan stratégique), n'a pas apprécié et a attaqué pour abus de procédure.
Cauchemar
Lors de la présentation de ses résultats annuels, mardi 26 février, Vivendi a fait mine de calmer le jeu en se disant " ouvert à toutes les discussions ", tout en dépréciant, dans le même temps, ses parts dans Canal+ France. Du coup, les 20 % que détient Lagardère, qui sont inscrits dans ses comptes pour une valeur de 1,5 milliard d'euros, ne vaudraient plus que 730 millions.
Un véritable cauchemar pour M. Lagardère, qui, sur ce dossier, tombe de Charybde en Scylla. En 2009, il a commis l'erreur de ne pas racheter les parts de TF1 et M6, qui lui donneraient aujourd'hui plus de poids dans ce dossier. En 2011, il a refusé le milliard que lui proposait Vivendi. Depuis, il court après une introduction en Bourse de sa participation, mais qui lui rapporterait encore moins. Avec la dépréciation annoncée mardi (qui n'est que purement comptable), on se rapproche de la valeur à laquelle Vivendi estime aujourd'hui la part de Lagardère : entre 600 et 700 millions d'euros.
En 2002, lorsque M. Fourtou se battait pour la survie de Vivendi après le départ de Jean-Marie Messier, M. Lagardère ne lui avait pas été d'un grand secours, notamment sur le dossier Canal+. Jean-René Fourtou a de la mémoire. Arnaud Lagardère devrait s'en souvenir.
par Stéphane Lauer
- PhébusBallon d'Or
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Mer 27 Fév 2013, 18:54
Et pour les petits actionnaires, la valeur de l'action a été divisée par deux aussi, je suppose. Ils doivent être contents, les mecs...
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 07 Mar 2013, 19:10
Impressionnants les mecs
" Voilà, on a cassé le donjon d'AQMI "
Vallée d'Amettetaï (Adrar de Tigharghâr, nord du Mali) Envoyé spécial
Récit de la conquête d'un bastion djihadiste par les soldats français et tchadiens, dans le nord du Mali
C'est le grand légionnaire avec un accent de l'est qui est le premier à tenter le coup : arracher une brassée d'oignons dans le potager d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et mordre à belles dents dans les tiges vertes, avant d'éclater de rire. Les tomates, trop vertes, seront pour plus tard. Personne ne sait quoi faire des betteraves. Restent les oignons. Ce n'est pas que ce soit bon. Ce n'est pas que soit immense la tentation de manger des légumes plantés par les hommes morts ou en fuite qui étaient bien décidés à tuer jusqu'aux derniers les soldats français mettant les pieds dans cette zone de la vallée de l'Amettetaï, leur citadelle des roches. Mais les soldats ont une raison de se réjouir : ils sont en train de terminer la conquête de la vallée où était concentré un dispositif majeur d'AQMI dans le nord du Mali, dans la vaste zone de l'Adrar des Ifoghas. Les hommes sont rincés, leurs lèvres sont gercées, leurs nez pèlent, ils ne se sont pas lavés depuis des jours, mais l'air de la victoire leur donne des envies de fantaisie, et même d'oignons.
Dans la première phase de l'opération Serval, les soldats ont été sur les pistes, à avaler de la poussière. L'avancée des premières semaines a permis de prendre Gao, Tombouctou, Kidal et Tessalit. Puis la guerre a donné l'impression de s'éloigner. Elle ne faisait que se déplacer vers le nord, pour entrer dans une phase différente, celle de la confrontation directe avec AQMI. L'armée malienne, à ce stade, est restée le long d'une ligne qui suit à peu près le cours du fleuve Niger. Ici, dans le nord, c'est avec l'armée tchadienne que se mènent les opérations et dans ce recoin de l'Adrar des Ifoghas, ils viennent d'entrer dans un sanctuaire d'AQMI.
Pour une armée conventionnelle, le paysage de cette région, vu de loin, est aussi séduisant qu'un coup de baïonnette dans le dos. De près, c'est pire encore. Entouré par des plaines qui dérivent vers le désert, l'adrar de Tigharghâr, à l'ouest du massif des Ifoghas, ressemble au résultat d'une grande colère géologique échouée sur le sable, avec son relief tourmenté d'éboulis, de pitons, d'amas de pierres volcaniques noires et coupantes, truffées d'anfractuosités.
En bas, l'oued, couloir de passage de la vallée de l'Amettetaï, traverse l'adrar d'est en ouest, bordé d'arbres qui permettent de déjouer la plupart des moyens de détection à distance. Un endroit parfait pour une guerre à mauvaises surprises. Au pied de ce paradis de l'embuscade, il y a le bien le plus précieux qui soit, pour qui veut s'y retrancher : l'eau.
Les responsables d'AQMI ont passé des années à organiser cette géographie parfaite en citadelle. Mais la citadelle vient de tomber. Dans cette zone, un groupe de combattants d'AQMI a été touché la semaine précédente par des frappes françaises qui ont permis de " détruire ", conformément aux voeux du président français, François Hollande, un groupe dirigé par Abou Zeid. Le corps de ce dernier, l'homme qui détient les otages français enlevés à Arlit, au Niger, est en cours d'identification. Mais les dommages subis par le groupe qu'il commandait sont nets. Alors qu'une grande partie du Tigharghâr a été prise, des interceptions de communications montrent que les rebelles qui sont encore en mesure de communiquer s'encouragent à " fuir à dos de chameau ".
La guerre au Mali n'a pas pris fin, mais à Amettetaï, elle vient de connaître un renversement majeur. C'est la première fois que les forces françaises et leurs alliés tchadiens ont affronté, au sol, des combattants qui, depuis le début de la phase terrestre, dans la foulée des frappes aériennes entamées le 11 janvier, ont vu à chaque fois les hommes d'AQMI fuir l'affrontement direct. A Tombouctou, à Gao, ou à Kidal, AQMI et ses alliés des groupes rebelles islamistes avaient déjà quitté les lieux dans la précipitation, surpris sans doute par la vitesse de l'avancée française à travers l'espace immense du Mali.
Ici, à 1 700 kilomètres de Bamako, ils n'ont pu éviter la bataille. Il y a encore des hommes d'AQMI cachés dans ce décor brutal. Mercredi 6 mars, un petit groupe s'est rendu, encouragé par des messages diffusés par haut-parleur. Le raisonnement était simple. Ils étaient condamnés à mourir, de faim ou de soif. Les jours précédents, les soldats français ont retrouvé des cadavres de blessés. L'un avait encore une perfusion dans le bras, signe que ses camarades avaient tenté de le soigner avant de l'abandonner à son agonie. " A chaque fois, on les enterre, ou disons, on les empierre ", témoigne un officier, le visage raviné par la sueur.
Dans certaines caches, les soldats français ont trouvé des armes chargées. Leurs propriétaires avaient choisi de fuir en évitant de ressembler à des combattants. Il n'est pas possible de s'extraire facilement du Tigharghâr à bord d‘un véhicule. Le 3 mars, dans une vallée voisine, quatorze personnes ont essayé de quitter la zone à bord de pick-up. Ces derniers ont été détruits par des tirs d'hélicoptères.
Certains éléments d'AQMI attendent l'occasion du coup de feu de la fin contre les éléments français, légionnaires et parachutistes, qui continuent de passer les massifs au crible " quasiment rocher par rocher ", selon un capitaine de la Légion. Alors, au bord de l'oued, ou dans les massifs, les soldats avancent avec mille précautions. Il est arrivé qu'un combattant d'AQMI surgisse à quelques mètres et ouvre le feu.
Quelques jours plus tôt, près d'un autre piton, un petit groupe de soldats a passé la nuit à dix mètres du cadavre d'un combattant d'AQMI. A l'aube, le cadavre a bougé légèrement, et un autre combattant, bien en vie, a surgi au-dessus de son camarade mort, après avoir passé la nuit sous son corps, vidant ses chargeurs presque à bout portant en direction des Français. Il a été tué sans avoir le temps d'occasionner de pertes sérieuses à son ennemi.
Pour AQMI, le bilan de la manoeuvre pour prendre la vallée est lourd : deux morts français, vingt-cinq Tchadiens, et plus d'une centaine confirmée du côté du mouvement islamiste.
L'organisation d'AQMI autour de la vallée se lit à présent comme le résultat d'une surprise qui se serait retournée contre ses auteurs. Le long des berges de l'oued, des positions ont été enfouies dans le sol, sous les arbres. Les pick-up avaient été enterrés dans des voies de garage plongeant dans la terre, creusées au bulldozer, et recouvertes de grandes bâches couleur sable, le tout sous les arbres. Indiscernables depuis le ciel. Autour, des caches souterraines font office de bunker. Creusées à quelques mètres de profondeur, elles devaient permettre aux combattants de se dissimuler au moindre bruit d'avion ou de drone. Chacune de ces caches pouvaient accueillir une demi-douzaine de personnes, parfois plus. Environ trois cents combattants devaient être basés dans les environs. Près de la moitié ont été tués. Les autres, même s'ils ont réussi à fuir, ont perdu la plate-forme logistique et militaire d'Amettetaï.
Ce n'est pas encore la fin de la guerre. Ailleurs dans le pays, il reste des régions dans lesquelles sont regroupés des combattants d'AQMI et de ses alliés. Un autre Amettetaï se dissimule-t-il quelque part ? Le général Barrera, qui commande les troupes de Serval au sol, ne le croit pas : " Ici, c'était le donjon. Voilà, on a cassé le donjon. Il reste les basses-cours. " Le général précise : " C'est une petite armée qu'ont combattue les forces françaises. " Il avait pris le plus grand soin à équiper les troupes françaises entrant dans la vaste zone de l'adrar des Ifoghas de tous les moyens d'appui dont elles ont besoin, de l'artillerie aux moyens aériens.
Le dispositif d'AQMI reposait sur un grand nombre de combattants étrangers, et de quelques auxiliaires locaux. Dispersés en petites unités à travers la vallée, ils devaient en protéger le coeur, la petite capitale d'AQMI dans la région, servant à la fois de plate-forme logistique, de camp d'entraînement et de stock d'armes.
Il a fallu du temps aux forces françaises pour réaliser le caractère crucial d'Amettetaï pour AQMI. L'existence du sanctuaire était connue. Il était impossible d'en deviner l'importance par des moyens d'observation aériens. C'est lors du premier assaut, vers le 18 février, que les troupes françaises ont découvert la taille réelle de leur prise. Les premiers éléments approchaient du coeur de la vallée, lorsqu'is sont tombés sur un " verrou " : " On était 47, et soudain on a vu se lever 50 mecs devant nous, ça a engagé dur ", témoigne un des membres de cet assaut. Le lendemain, un soldat français est tué. Mais dans la foulée, les responsables d'AQMI allument leurs téléphones satellites pour communiquer, sans doute surpris par l'avancée française, alors que le silence presque absolu régnait sur les ondes des combattants depuis des semaines, ils se mettent à échanger, " et le rens'(renseignement) a commencé à tomber " sur leurs intentions, se réjouit un officier français.
Décision est alors prise de lancer une opération pour prendre la vallée d'assaut. L'idée d'un parachutage est étudiée. Finalement, un grand mouvement terrestre progressant sur trois axes est retenu. Par l'ouest arrivent les troupes tchadiennes, qui auront des combats durs et des pertes conséquentes, mais n'arrêtent pas, pour autant, leur avancée à travers la vallée. Par l'est attaquent les forces françaises du 3e GTIA (groupement tactique interarmes), composé d'une grande partie de " marsouins " des régiments d'infanterie de marine, et de leurs homologues de l'artillerie de marine, renforcés par les hélicoptères de l'armée de terre, notamment les Tigre et leurs canons meurtriers de 30 mm.
Pendant plusieurs jours, les combats sont durs. " Il faisait 45 à 55 degrés, pas à l'ombre, puisqu'il n'y a pas d'ombre ", sourit le colonel Goujon, chef de corps du GTIA 3, avant d'ajouter : " On a tous conscience de vivre une opération qui ne ressemble à aucune autre. " Le groupement tactique, au cours des dernières semaines, a été sans cesse en mouvement. Un officier subalterne apprécie : " Je suis depuis dix ans en régiment blindé, c'est la première fois que je suis sur une mission de cette intensité. Depuis Dakar, on n'a presque jamais dormi trois nuits de suite au même endroit. "
Un capitaine saute sur une mine avec son véhicule léger blindé. Le chauffeur est blessé, le capitaine Jean-David (*), du 1er RIMA (régiment d'infanterie de marine) est un peu assourdi, mais voit tomber le verrou au sud de la vallée. Comme d'autres soldats français, il dit spontanément le respect qu'inspire l'ardeur au combat ces combattants. " Ils n'avaient pas peur (...). Ils ont attaqué un 10 RC (blindé léger avec un canon de 105 mm) à l'arme légère ", témoigne un homme. Propos de terrain, propos de guerriers quand le combat a été rude. Témoignage sur l'essence de la bataille sans merci qui s'est livrée à Amettetaï.
Des officiers supérieurs se réjouissent de la " clarté du message politique ", adressé par le président de la République à l'armée française, base de cette opération " recherche et destruction " menée " de manière rustique ". Deux soldats français seulement ont été tués dans le massif. Certains parlent de " miracle ", compte tenu de l'intensité des engagements, et de la qualité de la défense d'AQMI. A quelle distance les soldats français ont-ils combattu les " djihadistes ", comme on les appelle dans les forces françaises ? Quelques dizaines de mètres, parfois moins.
Certaines positions de tir étaient installées avec trois lignes de défense successives. Une mitrailleuse lourde dans les rochers, puis deux lignes derrière pour l'appuyer.
Le coup décisif de l'attaque est venu du troisième axe, celui du nord. Au cours des derniers jours, les légionnaires et parachutistes du GTIA 4 (groupement tactique interarmes), ont réalisé la manoeuvre la plus dure, la plus folle, la plus audacieuse, et la plus déterminante de la guerre en cours pour prendre à revers les positions d'AQMI et de ses alliés.
D'abord, dans le plus grand secret, il a fallu transporter les 500 hommes nécessaires à l'opération, essentiellement des légionnaires du 2e REP et des parachutistes du 1er RCP. Puis traverser l'adrar par les lignes de crête, lors d'une marche de cinq à six jours, selon les unités. Le colonel Sébastien, du 1er RCP, a été l'artisan de cette percée avec des hommes chargés comme des mules (40 à 50 kg sur le dos), qui se sont lancés à l'assaut des pitons et des caches naturelles dans lesquelles les combattants d'AQMI ont installé des positions de tirs, que les frappes aériennes ne peuvent anéantir en raison de leur profondeur. Les hommes ont lancé des assauts à la grenade, pénétré dans des réseaux de galeries dans la roche, avec des systèmes de défense élaborés. " Dans une de ces positions, les djihadistes étaient derrière un coude de la galerie et ils nous tiraient dessus par ricochet sur la paroi ", témoigne un capitaine. Mais la citadelle est tombée.
Il a été décidé au sein de l'armée française de présenter ses éléments par leur prénom, pour éviter que des familles puissent faire l'objet de rétorsions ou de menaces en France, sur la base de noms de familles.
Jean-Philippe Rémy
Le Monde
" Voilà, on a cassé le donjon d'AQMI "
Vallée d'Amettetaï (Adrar de Tigharghâr, nord du Mali) Envoyé spécial
Récit de la conquête d'un bastion djihadiste par les soldats français et tchadiens, dans le nord du Mali
C'est le grand légionnaire avec un accent de l'est qui est le premier à tenter le coup : arracher une brassée d'oignons dans le potager d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et mordre à belles dents dans les tiges vertes, avant d'éclater de rire. Les tomates, trop vertes, seront pour plus tard. Personne ne sait quoi faire des betteraves. Restent les oignons. Ce n'est pas que ce soit bon. Ce n'est pas que soit immense la tentation de manger des légumes plantés par les hommes morts ou en fuite qui étaient bien décidés à tuer jusqu'aux derniers les soldats français mettant les pieds dans cette zone de la vallée de l'Amettetaï, leur citadelle des roches. Mais les soldats ont une raison de se réjouir : ils sont en train de terminer la conquête de la vallée où était concentré un dispositif majeur d'AQMI dans le nord du Mali, dans la vaste zone de l'Adrar des Ifoghas. Les hommes sont rincés, leurs lèvres sont gercées, leurs nez pèlent, ils ne se sont pas lavés depuis des jours, mais l'air de la victoire leur donne des envies de fantaisie, et même d'oignons.
Dans la première phase de l'opération Serval, les soldats ont été sur les pistes, à avaler de la poussière. L'avancée des premières semaines a permis de prendre Gao, Tombouctou, Kidal et Tessalit. Puis la guerre a donné l'impression de s'éloigner. Elle ne faisait que se déplacer vers le nord, pour entrer dans une phase différente, celle de la confrontation directe avec AQMI. L'armée malienne, à ce stade, est restée le long d'une ligne qui suit à peu près le cours du fleuve Niger. Ici, dans le nord, c'est avec l'armée tchadienne que se mènent les opérations et dans ce recoin de l'Adrar des Ifoghas, ils viennent d'entrer dans un sanctuaire d'AQMI.
Pour une armée conventionnelle, le paysage de cette région, vu de loin, est aussi séduisant qu'un coup de baïonnette dans le dos. De près, c'est pire encore. Entouré par des plaines qui dérivent vers le désert, l'adrar de Tigharghâr, à l'ouest du massif des Ifoghas, ressemble au résultat d'une grande colère géologique échouée sur le sable, avec son relief tourmenté d'éboulis, de pitons, d'amas de pierres volcaniques noires et coupantes, truffées d'anfractuosités.
En bas, l'oued, couloir de passage de la vallée de l'Amettetaï, traverse l'adrar d'est en ouest, bordé d'arbres qui permettent de déjouer la plupart des moyens de détection à distance. Un endroit parfait pour une guerre à mauvaises surprises. Au pied de ce paradis de l'embuscade, il y a le bien le plus précieux qui soit, pour qui veut s'y retrancher : l'eau.
Les responsables d'AQMI ont passé des années à organiser cette géographie parfaite en citadelle. Mais la citadelle vient de tomber. Dans cette zone, un groupe de combattants d'AQMI a été touché la semaine précédente par des frappes françaises qui ont permis de " détruire ", conformément aux voeux du président français, François Hollande, un groupe dirigé par Abou Zeid. Le corps de ce dernier, l'homme qui détient les otages français enlevés à Arlit, au Niger, est en cours d'identification. Mais les dommages subis par le groupe qu'il commandait sont nets. Alors qu'une grande partie du Tigharghâr a été prise, des interceptions de communications montrent que les rebelles qui sont encore en mesure de communiquer s'encouragent à " fuir à dos de chameau ".
La guerre au Mali n'a pas pris fin, mais à Amettetaï, elle vient de connaître un renversement majeur. C'est la première fois que les forces françaises et leurs alliés tchadiens ont affronté, au sol, des combattants qui, depuis le début de la phase terrestre, dans la foulée des frappes aériennes entamées le 11 janvier, ont vu à chaque fois les hommes d'AQMI fuir l'affrontement direct. A Tombouctou, à Gao, ou à Kidal, AQMI et ses alliés des groupes rebelles islamistes avaient déjà quitté les lieux dans la précipitation, surpris sans doute par la vitesse de l'avancée française à travers l'espace immense du Mali.
Ici, à 1 700 kilomètres de Bamako, ils n'ont pu éviter la bataille. Il y a encore des hommes d'AQMI cachés dans ce décor brutal. Mercredi 6 mars, un petit groupe s'est rendu, encouragé par des messages diffusés par haut-parleur. Le raisonnement était simple. Ils étaient condamnés à mourir, de faim ou de soif. Les jours précédents, les soldats français ont retrouvé des cadavres de blessés. L'un avait encore une perfusion dans le bras, signe que ses camarades avaient tenté de le soigner avant de l'abandonner à son agonie. " A chaque fois, on les enterre, ou disons, on les empierre ", témoigne un officier, le visage raviné par la sueur.
Dans certaines caches, les soldats français ont trouvé des armes chargées. Leurs propriétaires avaient choisi de fuir en évitant de ressembler à des combattants. Il n'est pas possible de s'extraire facilement du Tigharghâr à bord d‘un véhicule. Le 3 mars, dans une vallée voisine, quatorze personnes ont essayé de quitter la zone à bord de pick-up. Ces derniers ont été détruits par des tirs d'hélicoptères.
Certains éléments d'AQMI attendent l'occasion du coup de feu de la fin contre les éléments français, légionnaires et parachutistes, qui continuent de passer les massifs au crible " quasiment rocher par rocher ", selon un capitaine de la Légion. Alors, au bord de l'oued, ou dans les massifs, les soldats avancent avec mille précautions. Il est arrivé qu'un combattant d'AQMI surgisse à quelques mètres et ouvre le feu.
Quelques jours plus tôt, près d'un autre piton, un petit groupe de soldats a passé la nuit à dix mètres du cadavre d'un combattant d'AQMI. A l'aube, le cadavre a bougé légèrement, et un autre combattant, bien en vie, a surgi au-dessus de son camarade mort, après avoir passé la nuit sous son corps, vidant ses chargeurs presque à bout portant en direction des Français. Il a été tué sans avoir le temps d'occasionner de pertes sérieuses à son ennemi.
Pour AQMI, le bilan de la manoeuvre pour prendre la vallée est lourd : deux morts français, vingt-cinq Tchadiens, et plus d'une centaine confirmée du côté du mouvement islamiste.
L'organisation d'AQMI autour de la vallée se lit à présent comme le résultat d'une surprise qui se serait retournée contre ses auteurs. Le long des berges de l'oued, des positions ont été enfouies dans le sol, sous les arbres. Les pick-up avaient été enterrés dans des voies de garage plongeant dans la terre, creusées au bulldozer, et recouvertes de grandes bâches couleur sable, le tout sous les arbres. Indiscernables depuis le ciel. Autour, des caches souterraines font office de bunker. Creusées à quelques mètres de profondeur, elles devaient permettre aux combattants de se dissimuler au moindre bruit d'avion ou de drone. Chacune de ces caches pouvaient accueillir une demi-douzaine de personnes, parfois plus. Environ trois cents combattants devaient être basés dans les environs. Près de la moitié ont été tués. Les autres, même s'ils ont réussi à fuir, ont perdu la plate-forme logistique et militaire d'Amettetaï.
Ce n'est pas encore la fin de la guerre. Ailleurs dans le pays, il reste des régions dans lesquelles sont regroupés des combattants d'AQMI et de ses alliés. Un autre Amettetaï se dissimule-t-il quelque part ? Le général Barrera, qui commande les troupes de Serval au sol, ne le croit pas : " Ici, c'était le donjon. Voilà, on a cassé le donjon. Il reste les basses-cours. " Le général précise : " C'est une petite armée qu'ont combattue les forces françaises. " Il avait pris le plus grand soin à équiper les troupes françaises entrant dans la vaste zone de l'adrar des Ifoghas de tous les moyens d'appui dont elles ont besoin, de l'artillerie aux moyens aériens.
Le dispositif d'AQMI reposait sur un grand nombre de combattants étrangers, et de quelques auxiliaires locaux. Dispersés en petites unités à travers la vallée, ils devaient en protéger le coeur, la petite capitale d'AQMI dans la région, servant à la fois de plate-forme logistique, de camp d'entraînement et de stock d'armes.
Il a fallu du temps aux forces françaises pour réaliser le caractère crucial d'Amettetaï pour AQMI. L'existence du sanctuaire était connue. Il était impossible d'en deviner l'importance par des moyens d'observation aériens. C'est lors du premier assaut, vers le 18 février, que les troupes françaises ont découvert la taille réelle de leur prise. Les premiers éléments approchaient du coeur de la vallée, lorsqu'is sont tombés sur un " verrou " : " On était 47, et soudain on a vu se lever 50 mecs devant nous, ça a engagé dur ", témoigne un des membres de cet assaut. Le lendemain, un soldat français est tué. Mais dans la foulée, les responsables d'AQMI allument leurs téléphones satellites pour communiquer, sans doute surpris par l'avancée française, alors que le silence presque absolu régnait sur les ondes des combattants depuis des semaines, ils se mettent à échanger, " et le rens'(renseignement) a commencé à tomber " sur leurs intentions, se réjouit un officier français.
Décision est alors prise de lancer une opération pour prendre la vallée d'assaut. L'idée d'un parachutage est étudiée. Finalement, un grand mouvement terrestre progressant sur trois axes est retenu. Par l'ouest arrivent les troupes tchadiennes, qui auront des combats durs et des pertes conséquentes, mais n'arrêtent pas, pour autant, leur avancée à travers la vallée. Par l'est attaquent les forces françaises du 3e GTIA (groupement tactique interarmes), composé d'une grande partie de " marsouins " des régiments d'infanterie de marine, et de leurs homologues de l'artillerie de marine, renforcés par les hélicoptères de l'armée de terre, notamment les Tigre et leurs canons meurtriers de 30 mm.
Pendant plusieurs jours, les combats sont durs. " Il faisait 45 à 55 degrés, pas à l'ombre, puisqu'il n'y a pas d'ombre ", sourit le colonel Goujon, chef de corps du GTIA 3, avant d'ajouter : " On a tous conscience de vivre une opération qui ne ressemble à aucune autre. " Le groupement tactique, au cours des dernières semaines, a été sans cesse en mouvement. Un officier subalterne apprécie : " Je suis depuis dix ans en régiment blindé, c'est la première fois que je suis sur une mission de cette intensité. Depuis Dakar, on n'a presque jamais dormi trois nuits de suite au même endroit. "
Un capitaine saute sur une mine avec son véhicule léger blindé. Le chauffeur est blessé, le capitaine Jean-David (*), du 1er RIMA (régiment d'infanterie de marine) est un peu assourdi, mais voit tomber le verrou au sud de la vallée. Comme d'autres soldats français, il dit spontanément le respect qu'inspire l'ardeur au combat ces combattants. " Ils n'avaient pas peur (...). Ils ont attaqué un 10 RC (blindé léger avec un canon de 105 mm) à l'arme légère ", témoigne un homme. Propos de terrain, propos de guerriers quand le combat a été rude. Témoignage sur l'essence de la bataille sans merci qui s'est livrée à Amettetaï.
Des officiers supérieurs se réjouissent de la " clarté du message politique ", adressé par le président de la République à l'armée française, base de cette opération " recherche et destruction " menée " de manière rustique ". Deux soldats français seulement ont été tués dans le massif. Certains parlent de " miracle ", compte tenu de l'intensité des engagements, et de la qualité de la défense d'AQMI. A quelle distance les soldats français ont-ils combattu les " djihadistes ", comme on les appelle dans les forces françaises ? Quelques dizaines de mètres, parfois moins.
Certaines positions de tir étaient installées avec trois lignes de défense successives. Une mitrailleuse lourde dans les rochers, puis deux lignes derrière pour l'appuyer.
Le coup décisif de l'attaque est venu du troisième axe, celui du nord. Au cours des derniers jours, les légionnaires et parachutistes du GTIA 4 (groupement tactique interarmes), ont réalisé la manoeuvre la plus dure, la plus folle, la plus audacieuse, et la plus déterminante de la guerre en cours pour prendre à revers les positions d'AQMI et de ses alliés.
D'abord, dans le plus grand secret, il a fallu transporter les 500 hommes nécessaires à l'opération, essentiellement des légionnaires du 2e REP et des parachutistes du 1er RCP. Puis traverser l'adrar par les lignes de crête, lors d'une marche de cinq à six jours, selon les unités. Le colonel Sébastien, du 1er RCP, a été l'artisan de cette percée avec des hommes chargés comme des mules (40 à 50 kg sur le dos), qui se sont lancés à l'assaut des pitons et des caches naturelles dans lesquelles les combattants d'AQMI ont installé des positions de tirs, que les frappes aériennes ne peuvent anéantir en raison de leur profondeur. Les hommes ont lancé des assauts à la grenade, pénétré dans des réseaux de galeries dans la roche, avec des systèmes de défense élaborés. " Dans une de ces positions, les djihadistes étaient derrière un coude de la galerie et ils nous tiraient dessus par ricochet sur la paroi ", témoigne un capitaine. Mais la citadelle est tombée.
Il a été décidé au sein de l'armée française de présenter ses éléments par leur prénom, pour éviter que des familles puissent faire l'objet de rétorsions ou de menaces en France, sur la base de noms de familles.
Jean-Philippe Rémy
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 07 Mar 2013, 19:17
En quoi est-ce sympatoche?
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 07 Mar 2013, 19:20
Ben c'est très intéressant je trouve, on savait rien de ce qu'il s'était passé jusqu'iciChanelet a écrit:En quoi est-ce sympatoche?
La suite :
L'appui crucial des Tchadiens
Vallée d'Amettetaï (Adrar de Tigharghâr, nord du Mali) Envoyé spécial
Avec 26 morts et 63 blessés, les soldats de N'Djamena ont payé un lourd tribut dans la bataille d'Amettetaï. Le président Idriss Déby, soucieux de sa stature régionale, a envoyé son propre fils participer aux combats
Leur rôle dans la victoire d'Amettetaï a été déterminant, mais les soldats tchadiens l'ont payé au prix du sang en entrant par le flanc ouest de cette vallée cruciale, en coordination avec l'armée française, pour faire tomber ce sanctuaire d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Soixante-trois blessés, dont un nombre important à la tête ou dans le torse, preuve que les troupes d'AQMI, lors de leurs entraînements, ont eu le temps de perfectionner l'aptitude au tir de leurs fantassins. Vingt-six morts, aussi. Cela n'a arrêté personne. Et dans la tradition du rezzou (raid avec prise de butin), les soldats tchadiens emportent quelques prises de guerre, dont de précieux pick-up pris à l'ennemi.
Un camion équipé de BM21 (lance-roquettes multiples) a été abandonné sur le site du bivouac de la nuit précédente, simplement parce qu'un de ses pneus avant avait crevé. Plus loin, un camion-citerne a lui aussi échoué quelque part sous les arbres, sans doute en panne. Le bulldozer saisi par les forces tchadiennes, en revanche, avance vaillamment en leur compagnie. Les véhicules sont chargés de munitions jusqu'à la gueule, de groupes électrogènes, et même de nourriture saisie dans les stocks qu'AQMI avait constitués pour tenir un long siège dans l'Amettetaï. Au passage, les Tchadiens ont réussi un tour de force : subtiliser à la Légion étrangère le seul pick-up que ses propres hommes, qui marchent dans le massif depuis des jours (mais qui disposent d'autres moyens de transports), étaient parvenus à récupérer. Le pick-up ne démarrait pas. Des membres de la colonne tchadienne, croisant la route des soldats français, ont obligeamment proposé de les aider à réparer. " Ils ont dit qu'ils allaient l'utiliser pour déposer une moto un peu plus loin, ils sont partis avec et on ne les a jamais revus ", raconte, incrédule, un officier de la Légion.
Ce butin ne ralentit pas la machine de guerre tchadienne, qui a déjà fait ses preuves. Les troupes envoyées combattre aux côtés de l'armée française par le président Idriss Déby ont simplement dû changer un peu de tactique. Eviter de conserver ses véhicules groupés et de monter systématiquement vers des assauts frontaux, qui ont été si meurtriers. Car dans l'Adrar, les troupes ont eu affaire à forte partie. Une attaque bien menée sur leur colonne qui avançait bille en tête, a fait des ravages. Des kamikazes se sont fait sauter à leur approche, assis sur des caisses de munitions, ou jaillissant à l'improviste, le doigt sur l'interrupteur de lampe de chevet pour déclencher l'explosion du mélange de plastic et de billes d'acier contenu dans leur ceinture.
D'autres armées africaines se déploient au Mali à une vitesse qui est fonction de leurs capacités. Leurs hommes ont rarement dépassé Bamako, ou Gao, comme les troupes nigériennes. L'armée malienne elle-même n'a pas encore dépassé la frontière des zones proches du fleuve Niger, pour des raisons qui demeurent floues. Mais le contingent tchadien, de son côté, est parti à la guerre dans le nord du Mali avec près de 2 000 hommes, et vient de jouer un rôle clef dans la prise de l'Amettetaï.
Sans ces combattants, il aurait été impossible de bloquer l'axe crucial de la vallée entrant par l'ouest dans la zone protégée d'AQMI, laissant béant un espace qu'il aurait été complexe de combler avec des troupes françaises. Les hommes du président Déby, qui a même dépêché son propre fils pour participer aux combats, sont maintenant sortis de la vallée de l'Amettetai et, de passage à Aguelhoc, doivent continuer à participer aux opérations.
Refusant d'être intégrée dans la Misma, la force internationale à composante africaine, qui est la grande absente de la guerre au Mali, de façon à garder toute sa liberté de manoeuvre, le Tchad s'est engagé dans une lutte contre le " terrorisme ". " Nous savons que nous partons en guerre, nous avons pris cette décision grave en sachant que dans ce genre de conflits il doit y avoir certainement des pertes ", a déclaré Moussa Faki, le ministre des affaires étrangères tchadien, dans un entretien à l'AFP à N'Djamena, en ajoutant : " Nous sommes dans une situation où il faut agir pour contenir le péril où il est. Sinon, il y a le risque qu'il se propage. "
La suite des opérations permettra de mieux comprendre l'ensemble des objectifs poursuivis par le Tchad. En 2008, N'Djamena, la capitale, avait été attaquée par des rebelles soutenus par le Soudan, et arrivés jusqu'aux portes de la présidence, avant d'être repoussés avec l'aide de l'armée française. C'est aussi cette dette qui se paye aujourd'hui. Pour le président tchadien, Idriss Déby, cet engagement est par ailleurs une façon de prendre une stature nouvelle dans la région. Au pouvoir depuis vingt-deux ans, celui-ci a réduit son opposition à l'état de figurants. Ce n'est pas cette opération au Mali qui risque de mettre un terme à la concentration de ses pouvoirs au Tchad.
Jean-Philippe Rémy
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Sam 09 Mar 2013, 15:12
SOCIALISME DE MARCHÉ – Les 83 milliardaires du Parlement chinois
Quatre-vingt-dix membres de l'Assemblée nationale populaire chinoise (ANP), qui se réunit depuis le 5 mars, figurent sur la liste des 1 000 Chinois les plus riches publiée par le Hurun Report, basé à Shanghai, selon une revue de détail de l'agence Bloomberg. L'an dernier, ils étaient 75.
Le moins fortuné parmi les mille dispose d'une fortune de 1,8 milliard de yuan (221 millions d'euros), "soit plus que l'ancien candidat républicain à la présidence Mitt Romney", note malicieusement Bloomberg. La fortune de ces parlementaires s'élève en moyenne à 840 millions de dollars. On compte 83 milliardaires en dollars parmi eux.
Selon la Constitution chinoise de 1982, l'ANP, qui compte près de 3 000 députés, est l'institution la plus importante du pays, qui désigne notamment le président et vote les lois. Dans les faits, les principales décisions sont prises au sein du PCC, et l'Assemblée a un rôle essentiellement cérémoniel.
Sous Jiang Zemin (1989-2002), les entrepreneurs privés ont été intégrés dans le système communiste : au parti et dans l'Assemblée. Ainsi, le plus riche d'entre eux, Zong Qinghou, 67 ans, à la tête du groupe Hangzhou Wahaha, a rejoint l'ANP en 2003, et le Parti communiste en 2010. Il dispose d'une fortune de 13 milliards d'euros, selon l'index des milliardaires Bloomberg. Dans une interview donnée la même année, il s'est opposé à la création d'un impôt sur la fortune, dont les revenus auraient été attribués aux gouvernements locaux.
La croisade du premier ministre sortant, Wen Jiabao, pour la réforme politique avait été écornée en 2012 par les révélations du New York Times sur la richesse colossale de sa famille. Son successeur, Xi Jinping, qui prendra officiellement ses fonctions à la fin du congrès de l'ANP, le 17 mars, a lancé dès novembre une campagne contre la corruption, notamment dans les gouvernements locaux. Mais, selon le Financial Times, cette campagne "semble avoir convaincu les ultra-riches chinois qu'aujourd'hui, plus que jamais, il leur faut jouer un rôle en politique."
Quatre-vingt-dix membres de l'Assemblée nationale populaire chinoise (ANP), qui se réunit depuis le 5 mars, figurent sur la liste des 1 000 Chinois les plus riches publiée par le Hurun Report, basé à Shanghai, selon une revue de détail de l'agence Bloomberg. L'an dernier, ils étaient 75.
Le moins fortuné parmi les mille dispose d'une fortune de 1,8 milliard de yuan (221 millions d'euros), "soit plus que l'ancien candidat républicain à la présidence Mitt Romney", note malicieusement Bloomberg. La fortune de ces parlementaires s'élève en moyenne à 840 millions de dollars. On compte 83 milliardaires en dollars parmi eux.
Selon la Constitution chinoise de 1982, l'ANP, qui compte près de 3 000 députés, est l'institution la plus importante du pays, qui désigne notamment le président et vote les lois. Dans les faits, les principales décisions sont prises au sein du PCC, et l'Assemblée a un rôle essentiellement cérémoniel.
Sous Jiang Zemin (1989-2002), les entrepreneurs privés ont été intégrés dans le système communiste : au parti et dans l'Assemblée. Ainsi, le plus riche d'entre eux, Zong Qinghou, 67 ans, à la tête du groupe Hangzhou Wahaha, a rejoint l'ANP en 2003, et le Parti communiste en 2010. Il dispose d'une fortune de 13 milliards d'euros, selon l'index des milliardaires Bloomberg. Dans une interview donnée la même année, il s'est opposé à la création d'un impôt sur la fortune, dont les revenus auraient été attribués aux gouvernements locaux.
La croisade du premier ministre sortant, Wen Jiabao, pour la réforme politique avait été écornée en 2012 par les révélations du New York Times sur la richesse colossale de sa famille. Son successeur, Xi Jinping, qui prendra officiellement ses fonctions à la fin du congrès de l'ANP, le 17 mars, a lancé dès novembre une campagne contre la corruption, notamment dans les gouvernements locaux. Mais, selon le Financial Times, cette campagne "semble avoir convaincu les ultra-riches chinois qu'aujourd'hui, plus que jamais, il leur faut jouer un rôle en politique."
- pissoffcakeChampion du Monde
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Sam 09 Mar 2013, 17:17
y a une couille dans le potage là: ça fait 2520MM$ , ça fait 90% du pib français
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Sam 09 Mar 2013, 19:57
Ben ils sont encore plus capitalistes que les capitalistes américains
- ANKOURAGEInternational
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Ven 05 Avr 2013, 13:21
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Sam 20 Avr 2013, 01:34
Le bon antidouleur fait mal au portefeuille
IMPROBABLOLOGIE
Publiée en 2008, une étude américaine a fait le bonheur de ceux qui n'aiment pas le vin. L'expérience consistait à faire goûter cinq crus à des cobayes ne disposant que d'une seule information : le prix de la bouteille. Chacun d'eux, placé dans un appareil à IRM, devait noter la boisson pendant que les chercheurs mesuraient l'activation d'une zone cérébrale associée au plaisir. Tout le sel du test venait du fait qu'il n'y avait pas cinq vins différents, mais seulement trois. Des bouteilles bas de gamme étaient affichées deux fois, la première avec leur vrai prix (5 dollars), la seconde après une forte inflation (45 dollars), tandis qu'un grand cru (90 dollars) était lui aussi dédoublé, à la baisse cette fois (10 dollars). Au milieu venait une bouteille à 35 dollars. Et qu'arriva-t-il ? Le plaisir ressenti par tous les participants suivit exactement la courbe des prix : le picrate devint du bon vin et la dive bouteille une quelconque piquette. Preuve que le plaisir a un prix... ou que le prix donne du plaisir.
Toujours en 2008, une autre équipe a voulu expérimenter cet effet-prix sur un type différent de produit : les médicaments antidouleur. Publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), l'étude raconte comment, après avoir recruté des volontaires - rémunérés - par petite annonce, les chercheurs leur ont annoncé qu'ils allaient tester un nouvel analgésique bientôt mis sur le marché. Après leur avoir fait lire une brochure sur cet opioïde, les expérimentateurs expliquèrent à une moitié des cobayes que chaque comprimé coûtait 2,50 dollars tandis que l'autre moitié apprenait que le médicament avait été obtenu au rabais, pour 10 cents l'unité.
Afin de juger l'efficacité du produit, il fallait ensuite passer à la partie la plus amusante de l'expérience : faire souffrir ces braves gens avec des décharges électriques dans le poignet. Pour chaque candidat à la gégène, on établissait au préalable le seuil critique de résistance à la douleur et le voltage maximum à lui transmettre. Partant de 0 volt (V), l'expérience montait par paliers de 2,5 V et atteignit, pour les plus costauds, la barre des 80 V. Puis les participants avalaient leur analgésique. Avant de se reprendre une deuxième bordée de décharges. A chaque série, ils devaient évaluer le niveau de douleur qu'ils avaient atteint.
Résultat : 85,4 % des cobayes ayant reçu le médicament à 2,50 dollars ont estimé avoir moins souffert après avoir ingéré la pilule, contre 61 % dans le groupe à 10 cents. De plus, pour le premier groupe, la réduction de la douleur entre les deux séries était nettement plus importante que pour le second échantillon. Pour les auteurs de l'article du JAMA, cet effet placebo-prix peut expliquer pourquoi le public préfère les analgésiques chers aux traitements bon marché et pourquoi les patients qui passent d'un médicament vendu par une grande marque pharmaceutique à un générique jugent ce dernier moins performant. Ils concluent que l'étude de l'efficacité d'une molécule devrait aussi prendre en compte les conditions de sa future commercialisation. Le bon antidouleur est censé faire mal au portefeuille.
Je me suis permis de conserver un détail pour la fin. Lors de cette expérience, les chercheurs n'ont pas utilisé de nouvel analgésique mais... un placebo. Histoire de montrer qu'on pouvait soigner la douleur d'une électrocution avec simplement un prix. Du rien très cher en guise d'aspirine. A placebo, placebo et demi.
Pierre Barthélémy
- PhébusBallon d'Or
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Sam 20 Avr 2013, 02:47
Intéressant
- ChaneletRecrue
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Sam 20 Avr 2013, 10:23
Ca ne m'etonne pas, surtout pour le pif. Moi j'assume boire (bon, certes, je ne bois plus) du vin 'bas de gamme', et ca me plai(sai)t bien.
Ca m'enerve, par exemple, qu'il faille aimer le champ', ou, au cas blasphematoire ou on ne l'aimerait pas, tout de meme en mettre un fond dans son verre pour trinquer...c'est d'un ridicule et d'un snobisme...
Ca m'enerve, par exemple, qu'il faille aimer le champ', ou, au cas blasphematoire ou on ne l'aimerait pas, tout de meme en mettre un fond dans son verre pour trinquer...c'est d'un ridicule et d'un snobisme...
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Dim 21 Avr 2013, 02:41
Voici quelques exemples des dépenses qui seront autorisées, chaque mois, aux Irlandais déclarés en faillite personnelle : 247,04 euros d'alimentation, 35,73 euros d'habillement, 33,40 euros de produits d'hygiène... Avec forces détails, Dublin a présenté un nouveau régime de banqueroute individuelle, jeudi 18 avril.
Au total, un célibataire en faillite aura le droit de dépenser très exactement 899 euros par mois, hors coût du logement. Les parents pourront ajouter entre 50 et 400 euros par enfant suivant les âges et les circonstances. Au-delà de ces sommes, les revenus devront être affectés au remboursement des dettes.
Ces montants sont jugés suffisants par les autorités pour " assurer un niveau de vie minimum ". Les vacances à l'étranger sont proscrites, de même que l'abonnement à la télévision par satellite et les écoles privées pour les enfants. Sauf pour les habitants vivant dans des zones isolées, la voiture est exclue. Les loisirs sont tolérés : un budget de 125,97 euros est prévu pour " l'insertion sociale et la participation ", de quoi aller au cinéma et faire du sport.
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Dim 12 Mai 2013, 03:13
Les suppliciées de Masanjia
Elles ne sont ni criminelles ni opposantes. Simplement des femmes qui ont cru à l'invitation de l'Etat chinois à " pétitionner ". Internées dans un camp de rééducation, elles en racontent, à visage découvert, l'ordinaire effrayant
Gai Fengzhen est une grande femme de 56 ans au visage émacié. Elle a posé sa béquille dans un coin de la pièce et tendu ses mains en arrière sur les rebords de l'étagère pour mimer un pendu. " On est placé entre deux lits en fer superposés, les mains attachées aux barres. Le plus douloureux, c'est en diagonale, quand une main est tirée vers le haut, et l'autre vers le bas. " Elle se penche pour en faire la démonstration. Son corps est vrillé. Sa voix grince. " Les chevilles et les pieds sont aussi attachés, on ne peut pas fléchir les jambes ", souffle-t-elle. Le dagua (" le pendu ") et ses quatre variantes, qui dilate les tendons et meurtrit les articulations sans laisser de traces apparentes, est l'une des punitions infligées aux détenues du camp de rééducation de Masanjia. Gai Fengzhen y a été soumise pour la dernière fois de sa détention le 1er juillet 2009, pendant six heures d'affilée. Elle vomit du sang. Elle n'a été relâchée pour être envoyée au cachot que lorsque sa tortionnaire est partie s'occuper d'une autre détenue installée sur le " banc du tigre " - un siège formé de tubes d'acier où la personne est attachée dans une position que la force de gravité rend affreusement douloureuse. C'était le troisième et avant-dernier séjour de Gai Fengzhen à Masanjia, camp modèle de laojiao (" rééducation par le travail ") de Shenyang, capitale de la province du Liaoning (nord-est de la Chine).
Ces supplices nous ont été décrits par Gai Fengzhen et une dizaine d'anciennes détenues de Masanjia, lors de plusieurs rencontres à Pékin ces dernières semaines. La plupart logent chez des proches ou dans des appartements prêtés, de crainte de représailles si elles rentrent chez elles dans le Liaoning. Toutes sont des pétitionnaires engagées depuis de longues années sur la voie du xinfang (" lettres et visites "), c'est-à-dire la soumission de leurs doléances auprès d'administrations locales et nationales pour un préjudice subi - une démolition forcée, un crime impuni, un abus du planning familial... Le système est légal, officiellement même encouragé. Mais à force de se démener, elles ont fini par fâcher les autorités et se retrouver en camp, souvent pour trouble à l'ordre public, sans aucun procès et pour des durées allant d'un à trois ans. Libérées, elles ont décidé, il y a quelques mois, de briser le silence et de livrer le premier témoignage collectif et détaillé sur un camp de rééducation par le travail. Au risque de nouvelles persécutions.
Le système des camps de rééducation - il en existerait 350 - date des campagnes anti-droitières de Mao en 1957. Partout en Chine, trois populations y cohabitent : les " délinquants " (dont les drogués et les prostituées), les membres du mouvement religieux Falun Gong, interdit en Chine depuis 1999, et aujourd'hui les pétitionnaires récidivistes. Un des nombreux éléments de la chaîne de contrôle des pétitionnaires : certaines des plaignantes de Masanjia ont aussi connu l'internement abusif en hôpital psychiatrique, les prisons clandestines et d'innombrables brutalités aux mains des " récupérateurs ", ces nervis envoyés de leur localité d'origine vers Pékin pour les neutraliser.
Mais l'attention accordée à ces ex-détenues depuis l'enquête choc que leur a consacrée début avril le mensuel chinois Lens - censuré et suspendu pour le moment - dans un contexte d'appels croissants à une refonte du système des camps de rééducation (le premier ministre Li Keqiang a confirmé en mars qu'" une réforme - était - à l'étude ") est en train de créer l'une de ces dynamiques qui galvanisent régulièrement la société civile chinoise. Pour la première fois, les détenus d'un camp s'organisent sous une bannière commune. Malgré la surveillance, les appels téléphoniques menaçants et la peur d'un coup de filet, plusieurs d'entre elles arborent un badge de Gongmin (" citoyen "), le groupement des avocats chinois, et rencontrent des juristes, des universitaires chinois et étrangers, des diplomates. Elles ne peuvent toutefois espérer fonder la moindre organisation formelle, qui serait immédiatement interdite.
A Masanjia, on bâillonne et brise ceux et celles qui dérangent : dans l'environnement légal mouvant de la Chine, où les règlements peuvent être pliés à volonté, le personnel y cherche avant tout à décourager les pétitions. Certaines plaignantes finissent par signer des " garanties " reconnaissant que leur affaire initiale est close. Ici, les individus sont maltraités au point de conserver de graves traumatismes. Mei Qiuyu, 45 ans, a longtemps dénoncé l'avortement tardif et forcé qu'elle avait subi dans le cadre du planning familial. Originaire du sud du pays, elle porte des cheveux mi-longs légèrement teints. Son petit garçon la suit partout. Internée de mai 2008 à avril 2010, elle a enduré cinq mois de cachot dans une pièce de quatre mètres carrés sans fenêtre. Un judas était parfois ouvert dans la porte de fer. Elle avait tenté d'obtenir une révision administrative de sa détention. Sa démarche a été bloquée jusqu'à ce que le délai légal soit dépassé.
" Dans le cachot, j'étais sur le sol, je n'avais rien, pas de matelas. J'avais sans arrêt l'impression de suffoquer. En juillet, avec la chaleur, je soulevais le caoutchouc sous la porte pour faire un peu d'espace, et je mettais ma bouche contre pour respirer ", raconte-t-elle, le front crispé. Lors d'une autre sanction - elle avait rédigé une lettre d'appel à l'aide -, elle s'est réveillée sur le sirenchuang, littéralement " lit du mort ", après s'être évanouie lors d'une séance de " pendu ". Une sorte de natte en cuir, avec au milieu une plaque de fer percée pour évacuer les selles. La prisonnière y est maintenue au cou, aux bras, à la taille et aux jambes par des menottes et des lanières. " En me réveillant, je me suis aperçue que je ne pouvais plus bouger, se souvient-elle. Dès que je me sentais un peu mieux, la surveillante touchait le lit du pied, il y a un système qui resserrait les liens. Je n'oublierai jamais cette douleur qui me lançait jusqu'au coeur. " Aujourd'hui encore, ses doigts restent endoloris et elle peine à écrire.
A Masanjia, les souffrances physiques et psychologiques sont administrées par les policières et les surveillantes avec un pragmatisme consommé. Tout recours est le plus souvent vain. Chen Shenqun, âgée de 55 ans, ancienne employée d'une société d'Etat, détenue d'octobre 2008 à avril 2010, s'est vu arbitrairement désignée comme illettrée à son admission à Masanjia. Un comble pour cette diplômée d'un institut technique. Ce prétexte servait simplement à la priver de moyen d'écrire durant la session d'autocritique et d'explication du règlement en début de détention, seul moment où les détenues ont droit à du papier et à un crayon. Elle avait, il est vrai, manifesté l'intention de faire appel... Quand, plus tard, elle avait réussi à rédiger des dénonciations placées dans les deux boîtes aux lettres installées à cet effet à Masanjia - l'une à l'attention du parquet, l'autre de l'administration des camps -, on lui avait fait comprendre qu'elles avaient été interceptées.
Wang Yuping, 57 ans, a été emprisonnée à Masanjia d'août 2007 à janvier 2009, après un combat mené en 2002 pour le relèvement des salaires et l'accès à l'assurance médicale dans le magasin d'Etat où elle travaillait. Brutalisée par la police, elle avait gagné un procès, dont le jugement n'a jamais été appliqué. Depuis, elle n'a cessé de pétitionner. Wang Yuping n'aurait jamais dû être admise à Masanjia, compte tenu de son état de santé. Elle souffrait d'un fibrome utérin et de continuelles hémorragies. Mais la police a payé le camp, assure-t-elle. Un de ces subtils et discrétionnaires échanges de services en matière de " maintien de la stabilité ", dont la capitale et les provinces sont coutumières.
On s'est ensuite ingénié à l'humilier en la privant de serviettes hygiéniques. L'hôpital du camp a refusé de l'opérer jusqu'à ce que son mari débourse une somme considérable dix jours après son admission. Wang Yuping n'a eu alors plus qu'un objectif : survivre. Elle connaissait son état et savait que le personnel du camp la laisserait dépérir. Mais une fois sortie, elle a lancé l'offensive. Chrétienne, fille d'un ancien " droitier " torturé pendant la Révolution culturelle, Wang Yuping était en contact depuis le début des années 2000 avec les milieux des défenseurs des droits à Pékin : c'est par ce biais qu'elle a rencontré Yuan Ling, le journaliste du magazine Lens, à qui elle présenta d'autres détenues depuis sa sortie du camp. " Mes droits avaient été violés, et j'avais vu de près les failles de ce système ", déclare-t-elle.
Face à la logique de destruction qui règne à Masanjia, chaque détenue trouve sa réponse. Li Ping, 60 ans et astreinte à une mobilité réduite. Une nuit de mars 2009, elle a choisi d'écrire sa revendication en gros caractères sur son uniforme : " Je veux la liberté. Je veux rentrer chez moi. Je veux que les droits de l'homme soient respectés. " Les autres verraient ces déclarations lors du rassemblement matinal. L'uniforme a finalement été confisqué et porté à la police locale. Et Li Ping flanquée nuit et jour de quatre droits communs pour la surveiller.
Habituées à noircir des liasses de doléances lors de leurs quêtes de justice, les pétitionnaires de Masanjia ont souvent tenté de tenir la chronique du camp : les heures de travail excessives, les violations fréquentes du règlement des camps et, bien sûr, les sévices subis. Beaucoup se sont vu confisquer leurs journaux. Mais plusieurs d'entre elles ont réussi à faire sortir des reçus d'hôpital ou des descriptifs détaillées de vexations et violences, en les dissimulant dans des ourlets ou des doublures de pantalons - les hivers sont sibériens dans le Liaoning.
Ainsi Liu Hua, campagnarde robuste et un peu bourrue de 51 ans. Ses ennuis commencent lorsqu'elle et son mari, élu chef de village, dénoncent la corruption du parti dans un audit. Premières brimades, premières pétitions. Et premier internement à Masanjia, d'août 2008 à mai 2010. Elle rédige à sa sortie un bref compte rendu, qu'elle livre à un site de défense des droits de l'homme mais sans oser le signer. Elle reprend en revanche les pétitions... qui la ramènent à Masanjia. " J'avais confiance que justice serait rendue, dit-elle. Or, non seulement on était mal en point à force de pétitionner, mais on nous faisait en plus travailler comme des bêtes de somme. Je me suis dit qu'il y aurait un jour des comptes à rendre. "
De janvier 2011 à octobre 2012, elle entreprend alors une comptabilité plus systématique de ce qui se passe au camp, les violences, mais aussi l'exploitation par le travail. Elle sortira du camp trente-cinq pages de notes, parfois sous forme de morceaux de tissu entièrement recouverts d'idéogrammes. Plusieurs sont roulées dans du plastique et dissimulées dans son vagin ou celui d'autres détenues libérées.
Liu Hua a tenté de reconstituer les statistiques de production de Masanjia en répertoriant le nombre de pièces qui passaient par son atelier. En guise de preuves, elle a rapporté des étiquettes de vêtements confectionnés pour les opérations commerciales du camp. A l'instar des autres établissements de ce type en Chine, Masanjia prend des commandes - pour des montants que les activistes estiment peu différents d'une usine ordinaire. Liu Hua a d'abord caché les pièces à conviction dans une gaine de machine à coudre de son atelier, puis elle les a cousues à l'intérieur d'un sac. Il y en a pour des uniformes de stations-service. D'autres pour des pantalons destinés à la PAP (la police armée du peuple). Liu Hua affirme avoir travaillé sur des blousons pour l'Australie et l'Italie, ainsi que des chemises pour la Corée du Sud, mais elle n'a pu subtiliser les étiquettes, dit-elle, car le contrôle était plus sévère.
Toutes les rescapées de Masanjia décrivent des journées éreintantes, de neuf à douze, voire quinze heures : selon les années de détention, elles étaient payées entre 5 et 25 yuans par... mois (de 60 centimes à 3 euros). Sur leurs uniformes d'hiver, que certaines ont apportés avec elles à Pékin - des survêtements rouges ou bleus qui leur coûtaient 50 yuans -, on remarque aussi des noms de marques sportives (l'espagnol Kelme, ou encore Sibote, un fabricant de supports athlétiques). Aucune ne sait s'il s'agit de surplus ou bien d'inscriptions fantaisistes.
Tout paiement à l'intérieur du camp, notamment pour compléter une alimentation sommaire et exécrable, se fait par le biais de tickets. Progrès oblige, une carte magnétique a été depuis peu introduite, que la famille de la détenue doit abonder à l'avance. Le camp y déduit les " amendes " pour tout manquement, pendant ou hors du travail. Tout est payant à Masanjia : les soins médicaux - même après sévices - comme l'essorage de la lessive. " En apparence, le camp a l'air presque propret ", dit Mei Qiuyu. Mais dans les chambres, où elles sont 22, les prisonnières n'ont pas le droit d'utiliser les draps du camp. " Chaque soir, on va chercher dans un local sa propre literie fournie par sa famille, explique-t-elle. Et on place la literie du camp sur un côté du lit. Le matin, on range nos draps et on doit disposer parfaitement ceux du camp sur le lit en cas d'inspection. "
Comme nombre de pétitionnaires chinois au long cours, le grief initial de chacune des femmes de Masanjia semble aujourd'hui submergé par d'innombrables violations et injustices, qui rendent illusoire et sans doute secondaire sa résolution. Mais déjà, des dissensions se font jour dans le groupe : Liu Hua parle beaucoup aux médias du Falun Gong, qui sont publiés à l'étranger et dénoncent depuis plusieurs années les violences subies à Masanjia par leurs adeptes. Ouvert en 1999, le camp a été officiellement récompensé pour ses succès dans la " transformation " des membres du Falun Gong...
Les autres ex-détenues se méfient d'instinct de tout amalgame : " Nous ne sommes pas contre le Falun Gong, mais on doit se démarquer et parler pour nous-mêmes ", explique Wang Yuping. Toute assimilation aux forces hostiles que représente aux yeux du Parti communiste le Falun Gong est du pain bénit pour l'appareil policier : elle autorise une répression quasiment automatique. Pour les femmes de Masanjia, si près de se briser, le péril pourrait se révéler mortel.
Brice Pedroletti
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Dim 12 Mai 2013, 08:41
je le lirai quand j'aurai 3 heures de libre devant moi
- TriskelBallon d'Or
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Mer 15 Mai 2013, 16:47
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 16 Mai 2013, 07:05
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Dim 19 Mai 2013, 11:09
La finance...
Le plan très secret de LVMH pour entrer chez Hermès
Bernard Arnault, PDG de LVMH, aux côtés de Pierre Godé, vice-président du groupe.
PASCAL SITTLER/REA
Le rapport de l'AMF décortique une opération prévue de longue date et préparée jusque dans le moindre détail
Nous n'avions pas prévu d'être actionnaires d'Hermès. Nous avons fait un placement financier et il s'est dénoué d'une façon que nous n'avions pas prévue. " A écouter Bernard Arnault, ce 18 avril, lors de l'assemblée générale de son groupe, on pourrait croire que LVMH est arrivé par hasard au capital d'Hermès.
La réalité est tout autre. Pendant près de dix ans, le numéro un mondial du luxe a minutieusement, patiemment et secrètement organisé sa montée au sein du fabricant du sac Kelly. Grands noms de la finance, cabinets d'avocats réputés, paradis fiscaux, montages complexes... LVMH n'a pas lésiné sur les moyens pour arriver à ses fins.
C'est ce qu'il ressort de l'enquête menée, deux ans et demi durant, par l'Autorité des marchés boursiers (AMF) sur les opérations réalisées par LVMH sur le titre Hermès. Et du rapport attenant de 115 pages que Le Monde a consulté.
La commission des sanctions du " gendarme " des marchés se réunira le 31 mai pour examiner les griefs à l'encontre de LVMH, accusé de dissimulation au marché et de manque de sincérité des comptes. Si une éventuelle sanction devait être prononcée contre le groupe de Bernard Arnault, elle interviendrait sans doute cet été.
Audition de dizaines de témoins, analyse d'une centaine de contrats, lecture de milliers de lettres et courriels... Les auteurs du rapport de l'AMF, Sophie Baranger et Laurent Combourieu, ont reconstitué par le menu la manière dont LVMH est entré masqué dans le capital d'Hermès, sans que son immersion ne laisse de trace dans ses comptes. Une montée en puissance que la place découvrira, sidérée, le 23 octobre 2010, quand le groupe annonce détenir 14,2 % d'Hermès et être en mesure de monter à 17,1 %.
Dès lors qu'un actionnaire franchit la barre de 5 %, 10 %, 15 % d'une société cotée, il est pourtant tenu d'effectuer une déclaration préalable de franchissement de seuil. D'autant, dans ce cas précis, que les statuts d'Hermès obligent à rendre publique toute montée au capital de 0,5 %. Aujourd'hui, LVMH en détient 22,3 % et affirme être parfaitement resté dans la légalité.
Le volumineux travail de l'AMF peut se lire - parfois - comme un polar croustillant. Plongée au coeur d'une décennie de complots top secret qui s'achève par la mainmise de LVMH sur Hermès.
Paradis fiscaux En 2001 et 2002, le groupe présidé par Bernard Arnault acquiert 4,9 % d'Hermès par l'intermédiaire de ses filiales luxembourgeoise, Hannibal, et américaine, Altaïr, située dans l'Etat du Delaware, connu pour sa fiscalité attractive. Les actions détenues par Altaïr seront pour partie transférées dans un autre paradis fiscal, au Panama, dans les sociétés Ashburry Finances, Bratton Direction et Ivelford Business.
L'enquête de l'AMF note que " l'annexe aux comptes consolidés - de LVMH - ne comprend aucun élément d'information sur ces titres ". Les actions Hermès ne figurent nulle part. Elles sont, " en contravention avec les normes internationales ", intégrées dans des rubriques " investissements financiers " ou " autres actifs non courants ". Alors que LVMH ne fait pas mystère des 3,5 % du groupe de luxe italien Tod's qu'il détient alors.
" Mercure " et autres scénarios " abstraits " En 2006, alors que Jean-Louis Dumas, le patron emblématique d'Hermès pendant 28 ans, atteint d'une maladie incurable, est contraint de passer la main, Bernard Arnault passe à l'offensive. Dès le 18 décembre 2006, LVMH lance des études approfondies avec Rothschild & Compagnie et le cabinet d'avocats Bredin-Prat sur des scénarios très précis " de prise de contrôle d'Hermès ".
Les réunions se succèdent avenue Montaigne, au siège de LVMH. Pierre Godé, vice-président du groupe et éminence grise de M. Arnault, et Nicolas Bazire, ex-associé gérant de Rothschild et administrateur de LVMH, travaillent au projet " Mercure " (pour Hermès). Dans les mémos qui relatent ces rencontres, LVMH y est baptisé " Lithium ", le plus léger des métaux connus. Rothschild résume la logique de l'opération : " Il suffit que la famille se délite et, si vous trouvez une famille partenaire - des héritiers Hermès susceptibles de vendre - , alors les équilibres structurels seront modifiés. "
Deux réunions, les 13 février 2007 et 18 mars 2008, affinent des stratégies en envisageant un rachat d'un bloc d'actions à la famille " partenaire " (10 %) et le ramassage en Bourse de 18 % du capital d'Hermès (dont seulement 22,5 % sont sur le marché). Finalement, ce n'est pas cette voie qui sera explorée. Interrogé par l'AMF, Pierre Godé considère qu'il ne s'agissait que " de pitchs successifs de la banque ", purement " abstraits ".
Indétectables " swaps " A cette même période, LVMH se met à spéculer sur l'action Hermès, avec pour objectif, cette fois, affirme le groupe de l'avenue Montaigne, non pas de ramasser des titres mais d'engranger de jolies plus-values. Comme si il n'y avait pas d'autres valeurs sur lesquelles spéculer.
Le montage est complexe. Il lui est proposé en 2007 par la filiale irlandaise de Natixis, Nexgen, et consiste à utiliser des " equity swaps à dénouement monétaire ", des instruments financiers opaques qui permettent de jouer sur un titre que le groupe ne possédera jamais.
Ainsi, la direction financière organise - par le biais de ses filiales luxembourgeoise Hannibal et hongkongaise Harmony Capital, dont l'AMF souligne qu'elles ne sont mentionnées nulle part dans les comptes de LVMH - un achat de titres Hermès en étoile, en divisant les participations entre trois banques. De façon qu'aucune ne franchisse le cap sensible des 5 %. Nexgen, via les equity swap baptisés Harry 1 et Harry 2, détient 4,7 % du capital d'Hermès, la Société générale 4,5 %, et la filiale investissement du Crédit agricole (Cicab) 3 % via Gold 1 et Gold2. Cette technique, juge l'AMF, a pour " effet opportun de ne donner aucune information claire et individualisée sur ces equity swaps et de les rendre indétectables par le public ".
En juin 2010, un mois seulement après le décès de Jean-Louis Dumas, LVMH passe à l'attaque et demande aux trois banques de changer le mode de dénouement initialement prévu des swaps. Le groupe veut être payé en actions Hermès et non plus en cash. Dès juillet, l'affaire est réglée avec Rothschild : même les communiqués de presse sont rédigés, et les moyens de défense qu'Hermès peut mettre en place sont passés à la loupe. Il n'y a plus qu'à la mettre en musique.
" Cézanne " pour arriver à ses fins Avant d'aller plus loin, et de passer du plan à l'action, LVMH demande à Lazard d'expertiser le scénario avant de le présenter à son conseil d'administration. Sans surprise, la banque d'affaires - qui a, elle, baptisé l'opération " Cézanne " - préconise de déboucler par anticipation l'opération des equity swaps non pas en monétaire, mais en actions.
Les administrateurs de LVMH sont informés le 21 octobre 2010 de l'acquisition, depuis 2001, de titres Hermès et de l'existence des equity swaps. Après lecture des préconisations de Lazard, ils donneront leur accord à l'unanimité. Deux jours plus tard, LVMH fait son coming out. A la stupéfaction générale.
Au passage LVMH, qui avait acquis 85 euros l'action Hermès, réalise une plus-value potentielle de un milliard d'euros, puisque le titre Hermès vaut 182 euros en octobre 2010. Cette plus-value, au cours actuel, a doublé. Ce qui a pu léser les petits actionnaires qui ont vendu en 2008 : si LVMH avait acheté en direct, sans l'intermédiaire de banques, le cours d'Hermès aurait été très supérieur.
Pour l'AMF, la conjonction de ces éléments " ne trouve son sens que dans la préparation d'une montée au capital d'Hermès ". Les rapporteurs ne croient guère à la thèse d'une " simple exposition économique sur Hermès " développée par LVMH, vu " le caractère dissimulé des 4,9 % d'Hermès ", le recours aux equity swaps, et les interventions de Lazard et Rothschild. Y a-t-il dès lors eu " manquement boursier " ? La question pourrait être tranchée par la commission des sanctions.
Nicole Vulser
" LVMH CONTESTE VIGOUREUSEMENT LES CONCLUSIONS DU RAPPORT "
Contacté par " Le Monde ", LVMH fait la réponse suivante : " La commission des sanctions de l'AMF - l'Autorité des marchés financiers - se réunira le 31 mai pour entendre la défense de LVMH et statuer sur les deux seuls griefs - de nature non pénale - retenus par la Direction des enquêtes, à savoir la présentation comptable des ELS Hermès et le délai d'information du marché. Entre-temps, LVMH respectera la règle du secret de l'instruction. D'autres, qui se sont procuré de façon illicite le rapport ci-décrit et n'ont pas hésité à le communiquer à votre journal, ne partagent pas la même éthique. Ils devront répondre de leurs agissements devant le juge pénal. LVMH entend contester vigoureusement les conclusions contenues dans ce rapport, tant pour ce qui concerne la régularité de la procédure que la matérialité des faits et leur qualification juridique. La commission des sanctions, seule habilitée à en juger, ne statuera qu'après avoir examiné chacun des moyens présentés pour la défense de LVMH. Elle ne pourra alors que constater l'absence, de la part de LVMH, de tout manquement à la loi et au règlement de l'AMF. "
UNE BATAILLE FINANCIÈRE ET JUDICIAIRE
Octobre 2010 LVMH annonce, à la surprise générale, détenir 17,1 % d'Hermès.
5 novembre L'Autorité des marchés financiers (AMF) diligente une enquête sur la façon dont LVMH est monté dans le capital d'Hermès.
6 janvier 2011 L'AMF dispense d'offre publique d'achat (OPA) la famille Hermès, qui souhaite créer un holding familial non coté qui détiendra 50,2 % du capital.
15 septembre La cour d'appel de Paris déboute l'association des actionnaires minoritaires d'Hermès, qui demandait une OPA.
14 décembre La famille Hermès constitue son holding, H 51.
10 juillet 2012 Hermès porte plainte contre LVMH pour délit d'initié et manipulation de cours. Les juges Charlotte Bilger et Renaud Van Ruymbeke instruisent le dossier.
4 septembre LVMH porte plainte contre Hermès pour chantage, dénonciation calomnieuse et concurrence illicite.
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Mer 22 Mai 2013, 10:37
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 23 Mai 2013, 20:18
Comment le cinéma français est passé de " Jules et Jim " à " Boule et Bill "
Un ami américain me faisait remarquer, en plaisantant, qu'un film français se reconnaît à trois ingrédients : des scènes de sexe ; du verbiage (à propos de sexe) ; des cigarettes (après le sexe). Quelle que soit la manière dont on les combine, ils donnent à coup sûr un chef-d'oeuvre du cinéma français : A bout de souffle, Tirez sur le pianiste ou La Maman et la Putain, pour n'en citer que quelques-uns.
Imaginez donc ma surprise quand j'ai commencé, il y a quelques années, à chroniquer des films français pour le magazine Variety puis pour le Hollywood Reporter : je m'aperçus que non seulement les productions grand public dont je devais rendre compte n'avaient pas recours à cette formule, mais surtout qu'elles ne correspondaient en rien à la vision que les Américains ont du cinéma français.
Au lieu du sexe, des cigarettes et du verbiage attendus, j'ai dû subir : des mecs à perruques ridicules qui se prennent pour des footballeurs (Les Seigneurs), des mecs à moustaches ridicules qui se prennent pour des gangsters (Les Lyonnais), Gérard Depardieu en perruque afro (Disco), Gérard Depardieu lisant le dictionnaire à son chat (La Tête en friche).
Ces saynètes interviennent pour la plupart dans des comédies à gros budget, que l'industrie produit à raison de deux ou trois par semaine, mais elles contaminent aussi d'autres registres : thrillers, films d'action, comédies romantiques... Elles témoignent d'une certaine tendance du cinéma commercial français, plombé par des scénarios génériques, des personnages caricaturaux, une mise en scène scolaire et un déni de tout réalisme. En bref, Jules et Jim a engendré Boule et Bill.
Evidemment, la blague est facile et ce jugement à l'emporte-pièce ne s'applique pas à l'ensemble de la production cinématographique française. Des dizaines de films d'auteur sortent chaque année ; ils sont primés à Cannes, à Berlin et à Venise ; ils conquièrent le marché international. Je pense aux films de Jacques Audiard, Claire Denis, François Ozon, Arnaud Desplechin, Catherine Breillat, Bruno Dumont.
Tous les mercredis cependant, quand je passe en revue les dernières sorties en salles, je suis étonné par le gouffre qui sépare ces deux catégories : d'un côté, des films ambitieux destinés à quelques cinéphiles ; de l'autre, des films médiocres destinés au tout-venant.
A deux vitesses
Malgré la pléthore de navets produits à Hollywood, le cinéma américain s'est toujours donné pour mission de présenter au grand public des oeuvres de qualité. On peut ne pas aimer The Dark Knight, Skyfall, ou le dernier Iron Man ; on peut déplorer l'omniprésence des superhéros, la domination des majors et l'overdose d'images de synthèse - sans parler de l'assommante longueur de tous ces films. Mais il faut bien reconnaître qu'ils sont portés par une ambition dont, à de rares exceptions près (Intouchables, A bout portant, L'Arnacoeur), les superproductions françaises sont dépourvues.
Pourtant, l'industrie cinématographique française ne manque pas de talents. Et ils sont nombreux à s'exporter pour trouver leur consécration dans des films commerciaux de qualité : les directeurs de la photographie Darius Khondji, Benoît Delhomme et Philippe Rousselot ; les compositeurs Alexandre Desplat et Bruno Coulais ; les acteurs Vincent Cassel, Guillaume Canet et oui, Marion Cotillard aussi.
Le cinéma français fonctionne à deux vitesses et s'adresse à deux catégories de spectateurs qui se méprisent mutuellement. Les amateurs de films d'auteur trouvent les films commerciaux français vulgaires et grossiers. Les fans de films commerciaux, eux, ne voient pas pourquoi l'expérience cinématographique devrait être porteuse de sens et " intello ".
Peut-être la Nouvelle Vague est-elle en partie responsable. A vouloir mettre l'auteur sur un piédestal, elle a minimisé (délibérément ou non) l'importance des scénaristes, des producteurs et autres maillons de l'industrie cinématographique. Malheureusement, la plupart des films commerciaux produits aujourd'hui en France semblent avoir été écrits à la hâte et dirigés dans un style formaté pour les chaînes de télévision qui les financent.
Or si les films hollywoodiens sont à la fois exigeants et lucratifs, c'est justement parce qu'ils sont aussi des films d'auteur. Ils sont l'oeuvre de réalisateurs qui, après quelques films plus intimistes et artistiques, sont recrutés pour apporter leur touche personnelle à une entreprise de plusieurs millions de dollars. Même les Cahiers du cinéma ont fini par reconnaître en Steven Spielberg, qu'ils avaient longtemps snobé, un cinéaste digne de ce nom.
Pourquoi les films commerciaux français ne pourraient-ils avoir cette ambition ? Pourquoi ne pas confier à Emmanuel Mouret la réalisation de Disco 2 ou à Serge Bozon une adaptation de Thorgal ? Il n'est pas anodin que plusieurs films à avoir récemment remporté un certain succès critique et commercial (OSS 117, The Artist, Mesrine) fassent référence à une époque où les films commerciaux revendiquaient leur appartenance au 7e art, où Fantômas, Napoléon, et Les Enfants du paradis étaient applaudis par la critique et les spectateurs.
Le cinéma commercial français, inauguré au début du XXe siècle par les frères Pathé, a encore un bel avenir devant lui. Plutôt que de chercher un bouc émissaire (en la personne de Gérard Depardieu, par exemple), ne serait-il pas plus opportun d'espérer une réconciliation entre films grand public et films d'auteur ? Au fond, nous autres Américains, nous les appelons simplement movies.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Myriam Dennehy
Jordan Mintzer
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 23 Mai 2013, 20:56
Je suis globalement assez d'accord, sauf qu'il y a quand même pas mal de grosses daubes dans le ciné US
- ChaneletRecrue
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 23 Mai 2013, 23:08
- ChaneletRecrue
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 23 Mai 2013, 23:10
et j'ajouterais que Tirez sur le pianiste n'est pas un chef d'oeuvre.Phébus a écrit:Je suis globalement assez d'accord, sauf qu'il y a quand même pas mal de grosses daubes dans le ciné US
- Nico56Fondateur
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Re: Le topic des articles sympatoches :-)
Jeu 23 Mai 2013, 23:20
Si vus prenez l'avion ou le train...
Y en aura pas pour tout le monde
Vous allez bientôt réserver votre vol pour les grandes vacances. Vous arrivera-t-il la même mésaventure qu'à nombre de lecteurs de notre blog " Sosconso " ? Voici, à titre d'exemple, l'un de leurs très nombreux témoignages : " J'ai réservé un billet Paris-Milan, 72 euros, sur telle compagnie aérienne, mais au moment de payer, j'ai eu un doute : et s'il existait des offres plus intéressantes ailleurs ? Je me suis déconnecté pour le savoir. Quand je suis revenu sur le site de la première compagnie, mon billet était passé à 87 euros. J'ai refait la simulation sur le terminal d'un collègue, et il était toujours proposé à 72 euros. "
Un autre internaute s'apprêtait à réserver un billet de train. Comme il devait au préalable obtenir l'autorisation de son supérieur hiérarchique, il a interrompu sa connexion. " Quand je suis revenu, le billet avait augmenté de 10 %. "
La technique utilisée pour faire croire à l'internaute que les prix montent serait l'IP tracking, ou pistage d'IP - l'IP étant l'adresse Internet de votre ordinateur. Existe-t-elle ? C'est ce qu'assurent, sous couvert d'anonymat, plusieurs internautes spécialisés dans l'économie du tourisme, mais aussi, à visage découvert, Jacques Nantel, professeur de marketing à HEC Montréal, auteur notamment de On veut votre bien et on l'aura (Les Editions Transcontinental, 2011).
" Quand vous recherchez un billet d'avion, la compagnie enregistre le trajet qui vous intéresse, et l'associe à votre adresse IP. Elle vous propose alors un prix. Si vous n'achetez pas le billet tout de suite, elle garde votre recherche en mémoire. Lorsque vous revenez un peu plus tard, elle se souvient de vous, et vous propose un prix un peu plus élevé, afin de vous faire croire que le nombre de places diminue et de vous inciter à acheter ", explique M. Nantel. Il ajoute que cette technique est pratiquée " par la majorité des compagnies aériennes ainsi que dans le milieu hôtelier ", où travaillent nombre de ses anciens étudiants. " Nous enseignons les algorithmes depuis une dizaine d'années : en effet, ils ont été mis au point à partir de 1995 et ont accompagné le développement du commerce électronique et de l'Internet ", ajoute-t-il.
Pour M. Nantel, la pratique n'a rien d'illégal : " Un marchand de chaussures peut très bien n'exposer que quelques paires d'un modèle dans son magasin, pour faire croire que ce sont les dernières. " En outre, aussi scandaleuse soit-elle, elle ne viole aucun texte régissant l'activité du transport aérien.
La SNCF assure ne pas pratiquer l'IP tracking, mais indique savoir que cela existe sur certaines compagnies aériennes, à bas coût notamment, ce que ces dernières démentent. Quant à Air France, elle nous indique qu'" en aucun cas, ses algorithmes n'utilisent ce système ". Les compagnies de transport admettent seulement pratiquer le yield management, ou optimisation de la recette tarifaire, une technique qui vise à rentabiliser les voyages, en évitant qu'un avion ou un train ne parte avec des places vides, et en essayant de vendre un maximum de sièges au prix fort. Le principe, schématiquement, est le suivant : quand l'opérateur sait qu'un vol est vide, il baisse les prix, et quand le vol se remplit, il les augmente.
Pratiques commerciales déloyales
Après la parution de notre post de blog, qui a suscité un intérêt très vif, avec 125 000 pages vues en une seule journée, une députée européenne, Françoise Castex (socialiste), a questionné la Commission de Bruxelles. Celle-ci a décliné toute compétence. Pour notre part, nous avons interrogé le contrôleur européen de la protection des données. Il nous a expliqué que, les adresses IP étant considérées comme des " données personnelles ", les voyagistes ou les hôteliers qui les exploiteraient devraient le signaler dans leurs conditions générales de vente et bien préciser que ce serait dans le but de faire grimper les prix. Mais il a précisé que seule l'autorité de contrôle nationale, en l'occurrence la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), était compétente pour enquêter, en allant, au besoin, inspecter les disques durs des sociétés.
Saisie par Mme Castex, la CNIL vient de lui répondre, le 13 mai, qu'elle va mener l'enquête. En effet, elle s'interroge, comme le contrôleur européen, sur " la licéité de la collecte de données, notamment au regard de l'information préalable des personnes ". Mais aussi sur " la légitimité de la finalité poursuivie " : " La mise en place d'une telle pratique est susceptible de porter préjudice à certains clients qui se verraient appliquer des tarifs moins avantageux en fonction de leur profil de navigation ", précise sa présidente, Isabelle Falque-Pierrotin.
Enfin, la CNIL estime que l'IP tracking doit être appréhendé aussi " sur le fondement des pratiques commerciales déloyales ", que régit le code de la consommation. Ces pratiques visent " les procédés qui altèrent, ou sont susceptibles d'altérer de manière substantielle le comportement du consommateur normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, à l'égard d'un bien ou d'un service ". Sur ce point, elle travaille " en collaboration étroite avec la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ".
En attendant les résultats de cette enquête, pour ne pas vous faire prendre à l'IP tracking, voici le conseil à suivre : faites vos simulations sur un terminal et, quand vous vous êtes décidé, réalisez la transaction sur un autre.
par Rafaële Rivais
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